Pour la bonne cause coloniale, le film Hors-la-loi du cinéaste Algérien Rachid Bouchareb est tombé sous la mitraille du député UMP Lionel Luca. Le drame est de taille, si bien que le contenu du film a divisé le parlement Français ainsi que le président Sarkozy qui tient lui-même à visionner le film afin de s’assurer que l’honneur de la France coloniale ne soit pas trop écorché. Pourtant, un 27 février 2005, en visite officielle à Sétif, l’ambassadeur de France en Algérie Hubert Colin de Verdière avait qualifié les massacres du 8 Mai 1945 de « tragédie inexcusable » tout en reconnaissant pour la première fois la responsabilité de la France dans ces tueries. L’embrasement médiatique que vient de susciter cette montée au créneau des récalcitrants de la France coloniale est tel, que même des associations de harkis, d’anciens combattants et de pieds noirs, se rangent derrière les tricolores de cette jacquerie morbide. L’extrême-droite arrive à point nommé avec un triptyque de circonstance Vérité-Histoire-Cannes 2010 menaçant de perturber le festival. L'ampleur de la polémique en désarçonne plus d'un. Dans Le Monde daté du mercredi 5 mai, l'un des historiens invités à la projection de l'objet du « délit », du délire, se demandait si le Festival le maintiendrait dans sa sélection. En réponse, le délégué général du Festival Therry Fredaut répondait : « Le Festival est souverain dans ses choix. » La polémique vient juste de s’installer dans une tribune signée par une douzaine d’intellectuels dont la réalisatrice Yasmina Adi intitulée «les guerres de mémoires sont de retour ». Ce manifeste mentionne la lettre du député « Félon » des Alpes-Martimes sur un film qu’il n’avait toujours pas été vu.'Par souci de conserver le libre choix et la souveraineté du festival sur cette compétition cinématographique, les dignitaires de la bonne cause humaine entendent protéger une œuvre libre. Il eut comme un effet boule de neige dans l’œuvre de Bouchareb. En passant par le film « Les indigènes »,’ «ces gueules cassées» qui avaient sauvé la France, l’auteur est devenu témoin par l’image des massacres du 8 Mai 1945 qui accablent la classe politique française en manque de courage, pour admettre officiellement ses forfaits. Dans cette nouvelle campagne de non-reconnaissance de crimes perpétrés sur un territoire sous occupation, le législateur français est entré de plain-pied dans la manipulation politique aveugle. Si des réserves sont notées par certains, n’empêche que l’évocation d’une page d’histoire tragique peut aussi bien passée par la fiction, avec ses inévitables raccourcis, que par les indispensables travaux des historiens. Les promoteurs de cette polémique festivalière sont toutefois rattrapés, l’œil de la caméra vient à coup sûr faire mouche sur'...la nuit qui a peur du soleil !
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Posté Le : 07/05/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohamed Bentaleb.
Source : www.horizons.com