Le CLA promet de paralyser l’enseignement
La nouvelle grille des salaires que Benbouzid a annoncée en grande pompe en la qualifiant même de «révolution» est en train de catalyser une colère noire...
En témoigne l’imposant rassemblement organisé hier matin devant le siège de l’Académie d’Alger réunissant des dizaines d’enseignants du secondaire, répondant à l’appel du CLA (Conseil des lycées d’Alger). «Non à l’arnaque», «Oui à la liberté syndicale», «Benbouzid barra», sont autant de slogans qu’on peut lire sur les banderoles ostensiblement brandies face au bâtiment de l’Académie d’Alger. Redouane Osman, le président du CLA, en chef d’orchestre, est partagé entre scander les slogans et répondre aux sollicitations des journalistes. D’emblée, il dénonce les «syndicats potiches», dans une allusion à ceux qui étaient reçus dimanche par Benbouzid. «Nous ne sommes pas contre le dialogue, mais nous voulons une négociation autour de plusieurs propositions», explique-t-il en accusant le département de Benbouzid de vouloir imposer sa propre mouture. Empruntant la célèbre formule de Shakespeare, «To much noise about nothing» (Beaucoup de bruit pour rien), le chef du CLA tombe à bras raccourcis sur la nouvelle grille des salaires. «C’est une arnaque, avertit-il, les augmentations proposées sont du brut et, avec les retenues, on se retrouvera avec des clopinettes.»
C’est à peine 15% des salariés actuels que représenteront ces augmentations, selon des enseignants rencontrés lors du rassemblement. «On a attendu 14 ans pour qu’ils nous donnent des miettes, enragent-ils, et nous promettons à Benbouzid la paralysie générale de l’enseignement». «Ils nous font croire que les augmentations seront conséquentes juste pour qu’on aille voter», relève un des enseignants manifestants. Redouane Osman dénonce ensuite la suppression des postes budgétaires dans les lycées. «Ils regroupent les élèves dans des classes de 40 élèves et les profs qui se retrouvent en surnombre sont réaffectés dans le meilleur des cas, car des fois c’est carrément la suppression du poste budgétaire.
Dans le même temps, révèle-t-il, il y a un manque de 20.000 postes d’enseignants du Français, tous paliers confondus.» Fidèle à ses positions, Redouane Osman défend l’école publique et accuse la réforme de Benbouzid en la qualifiant de «bricolage» et d’être une remise en cause du principe qui consacre le droit à l’école pour tous les enfants algériens. Osman parle également de la situation des lycées techniques qui sont, selon lui, en «stand by», à cause de la réforme du secondaire qui implique de fait la plupart des filières versées dans la Formation professionnelle.
Chose que les enseignants du Technique ont toujours refusée, la considérant comme une dégradation dans l’échelle hiérarchique. Revenant enfin sur le libre exercice de l’activité syndicale, le responsable du CLA s’en prend au ministère du Travail qui lui refuse l’agrément. «On n’a pas besoin de l’agrément, notre agrément c’est la base, c’est la mobilisation que vous pouvez constater aujourd’hui», dira-t-il. Le rassemblement d’hier s’est achevé dans le calme, en attendant le prochain où Osman promet «une mobilisation plus importante». D’où, aujourd’hui, le risque de voir le secteur de l’Education basculer une nouvelle fois dans la protesta.
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Posté Le : 25/09/2007
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com