Malik BoumatiLa longue période de désert artistique que l'Algérie a connue durant les années quatre-vingt-dix semble résister aux coups de boutoir que lui assènent périodiquement les quelques artistes de la nouvelle génération qui veulent en finir avec la culture fast-food. Le combat semble coriace et long. La longue domination de la chanson légère à deux syllabes est profondément ancrée dans les esprits d'un public qui a démissionné de tout ce qui peut le pousser à la réflexion et à la méditation. Un public toujours aussi attiré par la chanson festive qui le fait danser et qui l'éloigne des soucis de plus en plus nombreux de la vie quotidienne.De leur côté, les quelques artistes qui se battent corps et âme pour changer les choses et promouvoir l'art et la chanson algériens refusent de baisser les bras, malgré une certaine adversité de ceux qui ont le pouvoir de promotion et une certaine indifférence du large public à l'égard des beaux produits artistiques. Dans la wilaya de Tizi Ouzou, cette situation est visible à l'?il nu. Le large public reste encore nostalgique des ?uvres des anciens artistes comme Slimane Azem, Cheikh El Hasnaoui et autres Cherif Kheddam, et ce, même si la priorité est donnée à la chanson légère qui ne fait appel à aucun effort intellectuel ni de la part de l'artiste qui produit facilement et rapidement, ni de celle du public dans sa quête d'assimilation du texte.Aujourd'hui, de jeunes artistes occupent la scène tant bien que mal pour faire oublier les affres de la médiocrité qui a rythmé la vie dans la Kabylie des années quatre-vingt-dix. Des artistes comme Ali Amran, Cheikh Sidi Bémol et Mohsa ont rejoint leurs prédécesseurs comme Si Moh et Brahim Tayeb dans leur résistance farouche contre les chansons à deux notes, deux syllabes et deux sous. Une résistance qui a commencé à donner ses fruits il y a quelques petites années, quand des jeunes adolescents étaient remarqués parmi les fans de ces jeunes artistes. Les spectacles animés par Ali Amran et Cheikh Sidi Bémol ont montré que l'espoir est permis de voir la belle chanson reprendre sa réelle place sur la scène artistique kabyle, vu le public de plus en plus jeune qui y assiste avec ferveur. Le public, notamment de Tizi Ouzou, n'a pas encore eu la chance d'assister à des spectacles de Mohsa, ce jeune professeur de musique qui a décidé, il y a quatre ans, de défoncer les portes de la scène artistique pour y déverser ses belles mélodies, ses magnifiques textes traitant notamment des valeurs perdues de la société kabyle. Mohsa, dont les ?uvres nous rappellent celles de grands artistes comme Idir, Tracy Chapman ou Si Moh, a introduit pour son second album, sorti cette année, de nouvelles sonorités (soul, gospel...) qui le mettent au niveau des grands artistes de son temps. Le public est en train de le découvrir petit à petit, en attendant que les responsables de la culture et de la presse audiovisuelle lui donnent une chance de se faire connaître.Ces jeunes artistes qui se frayent un chemin, doucement mais sûrement, sur la scène culturelle et artistique, ne comptent pas baisser les bras de sitôt. Ils sont cependant conscients que la bataille contre la médiocrité sera dure et longue, particulièrement parce qu'ils ne sont pas épaulés autant qu'il faut par ceux qui ont les capacités d'aider à leur promotion. Certains d'entre eux, comme Ali Amran, font appel de temps en temps à des ?uvres d'anciens artistes, non seulement pour les immortaliser, mais aussi pour attirer l'intérêt d'un public toujours aussi récalcitrant. Tavalizt de Hsisen et Aqlalas de Mouloud Assam ont été un véritable coup de maître de cet artiste hors pair qui a réussi à attirer l'attention du public.M. B.
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Posté Le : 17/04/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : La Tribune
Source : www.latribune-online.com