Algérie

La nouvelle fac centrale



La nouvelle fac centrale
Finalement, on peut très bien organiser un rassemblement de contestation politique devant la faculté centrale d'Alger, sans que ne «tombe Koléa», comme le dit la formule du terroir. Telle devait être l'impression la plus partagée chez les participants et les observateurs réunis autour des déjeuners de «l'après-manif».Sur les visages, on pouvait donc naturellement trouver des signes de satisfaction. Un mouvement qui a d'emblée annoncé le caractère pacifique de son action ne pouvait pas attendre mieux, pour plusieurs raisons.La première relève du bon sens : les nouvelles données physiques des manifestations, si elles venaient à se confirmer, augurent d'une plus large participation jusque-là franchement limitée.Dans toutes les situations de mécontentement, il y a un public plus large qui rumine sa colère à la périphérie, sans avoir l'audace physique qui lui permette de franchir le pas vers la foule.La seconde est d'ordre psychologique. Elle implique cette question incontournable : qu'est-ce qui a bien pu changer depuis samedi dernier où les services de police étaient d'une rare détermination à embarquer tout ce qui bouge, pour qu'ils adoptent cette nouvelle posture de surveillance apaisée où certains ont même cru déceler quelque attitude de bienveillance 'La troisième et dernière, enfin, est de nature politique, et à ce titre, le mouvement a peut-être inauguré hier une nouvelle étape de sa jeune existence. Un peu plus de monde que d'habitude mais surtout une mutation dans le mot d'ordre. Il fallait être sourd et aveugle pour ne pas le remarquer.Dans le verbe comme dans l'attitude, cette mutation, qui était déjà dans l'air depuis quelques jours, s'est vérifiée sur le terrain de l'action.L'opposition au «quatrième mandat» d'Abdelaziz Bouteflika, un moment envisagée comme une fin en soi, c'est du moins ainsi que ça été perçu par beaucoup de monde, est désormais un slogan qui pouvait se perdre parmi tant d'autres.Et pas des moindres, ça pouvait aller de slogans revendiquant nettement la fin du système jusqu'à «ulac l'vot ulac» (pas de vote).Largement de quoi battre en brèche l'intention, réelle ou supposée, de faire du mouvement Barakat et de ses actions un espace de soutien pour quelque autre candidat.Cela préfigure déjà de ce que seront les prochains jours. Un confinement politique dépassé dans le feu de l'action, un mur de la peur manifestement fissuré, et peut-être bien quelques velléités dans le sérail à traiter autrement la contestation que par la répression. Trop beau 'C'est possible. Sauf que l'esquisse d'un tel tableau ne s'invente pas. Surtout qu'on pouvait d'abord la trouver au sein même des animateurs les plus actifs de Barakat.La sérénité avec laquelle ils ont appelé la foule à se disperser dans le calme et la mine réjouie d'après, on ne pouvait pas aller les chercher uniquement dans la nouvelle attitude de la police, ni dans le volume visiblement plus consistant de la participation.«Et sous la pluie», notait quelqu'un, comme pour mettre une note de bonne humeur dans l'atmosphère. Avoir la mine réjouie n'est pas jubiler pour autant, ils le disent aussi, les animateurs de Barakat. Ils savent que quelque chose s'est passé hier, et en attendant de savoir quoi exactement, il y a une seule chose à ne pas faire, jubiler.Slimane Laouari




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