Algérie

La nouvelle assemblée de Madame Hanoune Point Net



On ne sait pas ce qui a bien pu changer depuis que le Parti des travailleurs a «surpris» tout son monde en obtenant une vingtaine de sièges à l'Assemblée nationale et aujourd'hui où il a obtenu sensiblement le même nombre de députés.
Ou plutôt si, quelque chose a quand même changé : à l'époque, Louiza Hanoune et les siens jubilaient d'être «malgré tout» parmi les formations politiques qui comptent dans le paysage politique algérien et riaient au nez de ceux qui parlaient de quotas, quand elle ne les traitait pas de suppôts du libéralisme international, du FMI et de la Banque mondiale. Et aujourd'hui, elle crie au scandale de la fraude.
Avec ce qui reste de' l'Islam politique organisé ! En plus, elle n'y va pas de main morte : «Cette Assemblée est dépourvue de toute légitimité», «elle n'a aucune crédibilité parce que la volonté populaire n'a pas été respectée», «c'est une Assemblée croupion», ce sont là les morceaux choisis pour apprécier les résultats des dernières élections législatives dans sa récente conférence de presse.
Déjà que le trotskisme n'a jamais pu accéder au moindre ancrage populaire dans les pays culturellement proches de sa doctrine, il ne pouvait naturellement pas prendre en Algérie. Excroissance hybride d'une internationale trotskyste lâchée par l'Histoire, le Parti des travailleurs fait du populisme en attendant de trouver le peuple.
A la tête de cet énième démembrement d'une mouvance internationaliste génétiquement groupusculaire, Madame Hanoune a cru pouvoir construire un «parti de masse» en chassant dans ou à la périphérie d'un FIS décapité mais toujours fertile.
Des années durant, on ne savait pas ce que pensaient de la vie les représentants autoproclamés des travailleurs, en dehors de la dénonciation de l'arrêt du processus électoral et des revendications-bateau de Sant'Egidio, dont le groupe a dû écarquiller les yeux en voyant débarquer à Rome une femme que rien ne prédestinait à être des leurs. Les choses ont changé et les enfants ont grandi, comme dirait l'autre. L'appétit a grandi avec.
Entre ce temps-là et les dernières élections législatives, Louiza Hanoune a eu à s'occuper de beaucoup de choses, même si on a eu rarement pu la suivre. Sur cette Assemblée nationale qu'elle conçoit comme «une tribune d'expression de la voix des travailleurs», sur ces élections locales qu'elle boude toujours sous prétexte que les collectivités sont une «source de problèmes» qu'elle n'a aucune intention de gérer (!),
sur des ministres qu'elle traîne dans la boue comme s'ils géraient des entités autonomes, sur le Chef du gouvernement qu'elle accable au moment où il annonçait des' nationalisations, sur les accords avec les pays étrangers et les institutions internationales qu'elle propose de soumettre à' référendum et sur plein d'autres choses encore où il est difficile de trouver quelque lisibilité. Il faut admirer par exemple cette sortie, aussi spectaculaire que déroutante où Madame Hanoune déniait tout bonnement le droit d'être éligible à l'Assemblée nationale aux hommes d'affaires réunis dans le même vocable avec les «barons de l'argent» quand ce n'est pas les escrocs de la pire espèce.
On ne sait pas si c'est «être riche» qui pose tant problème à la première responsable au point où elle propose carrément d'interdire l'accès au Parlement à des Algériens dont le tort est d'être fortunés sans tenir compte en aucune façon de leur utilité sociale, de leur apport économique et de leur savoir-faire. Bien sûr, personne n'a demandé à Mme Hanoune si être pauvre ou modeste étaient des garanties d'intégrité dans l'exercice politique.
De toute façon, elle ne l'aurait pas écouté, puisqu'elle fait déjà de la présence dans l'hémicycle de «barons de l'argent sale», un argument politique pour expliquer le manque de légitimité de la nouvelle Assemblée' où ses élus vont naturellement siéger. Vont-ils aller plus loin en disant ce que leur patronne n'a pas voulu ' ou pu ' dire à Constantine ' On ne sait pas encore, puisqu'on ne sait jamais, avec Mme Hanoune.


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