Algérie

La nostalgie du miracle de 2006 déconnecte les responsables de la réalité MCO : interdiction de recrutement et inertie des dirigeants


Flashback. C'était une pénible fin d'automne pour un médiocre Mouloudia d'Oran, lanterne rouge du classement général avec seulement neuf points au compteur, à l'issue de la phase aller de cet exercice 2005-2006. Meziane Mourad et ses collaborateurs chassés par la vox populi, Youssef Djebbari était revenu aux commandes des Rouge et Blanc, avec une seule mission : réussir le miracle de sauver le MCO d'une relégation à laquelle il n'avait jamais goûté et de laquelle il était pourtant si proche.
à la faveur d'un recrutement hivernal inédit dans les annales du club oranais, avec pas moins de douze joueurs enrôlés, parmi lesquels Réda Acimi, Nassim Bounekdja, Arafat Mezouar, Kouider Boukessassa, Ali Moumène, Lahcène Nazef, le Congolais Sissey et Mohamed Belgherbi, le président Youssef Djebbari ' qui s'était également séparé de l'entraîneur Mohamed Henkouche, pour le remplacer par le duo Nasreddine Drid - Omar Belatoui, avant de mettre fin aux fonctions de ces derniers pour confier la barre technique à la paire Nadjib Medjadj - Sebbah Benyagoub avec le succès que l'on sait ' avait ainsi réussi un véritable petit miracle dont le tout-Oran du football se souvient encore.
à ce miracle sportif étaient également venus se greffer deux autres miracles, l'un administratif et l'autre financier. Pour pouvoir qualifier la douzaine de joueurs fraîchement recrutés, la direction du Mouloudia d'Oran devait au préalable non seulement libérer autant d'éléments mais aussi et surtout leur trouver un autre club employeur ' en quelque sorte, les caser. Grâce, en grande partie, au concours, au savoir-faire et au carnet d'adresses très garni de notre confrère Amine Lamri, qui était à l'époque le chargé de communication du plus grand club de l'Ouest algérien, les joueurs libérés avaient pu trouver, à temps, des clubs repreneurs en dépit de leur très modeste niveau technique.
Financièrement, l'omniprésence des très respectées anciennes figures de proue du club, que sont Abdelkader Fréha, Hafid Belabbès et Houari Beddiar, et leurs multiples interventions au niveau des plus hautes sphères des autorités locales avaient permis au MCO de bénéficier d'une enveloppe monétaire conséquente de l'ordre de quatre milliards de centimes, l'APW et l'APC ayant consenti à faire l'effort de verser chacune deux milliards à la direction mouloudéenne.
Cinq ans plus tard, au moment même où le Mouloudia d'Oran, dans sa nouvelle version professionnelle, a plus que jamais besoin d'un autre miracle du genre, pour se sauver d'une relégation qui semble quasi certaine et assurer sa pérennité parmi l'élite du football algérien, aucun de ces trois paramètres, sportif, administratif et financier ne paraît acquis pour rééditer un tel exploit.
L'actuelle direction, qui fait courir certains bruits selon lesquels un recrutement massif va être opéré dans les jours à venir, en est même la principale cause.
Son manque de crédibilité sur la scène locale et nationale, sa faible puissance financière et son incompétence avérée en marketing sportif semblent, d'ailleurs, déjà condamner le MCO à un scénario semblable, sinon pire que celui de la fin de saison 2008.
En apprenant que les Oranais Feham Bouazza, Salim Boumechra, Zoubir Ouasti et Farid Belabbès ont été contactés, en plus du gardien de but Hichem Mezaïr, les supporters mouloudéens avaient réappris à sourire en se disant qu'avec ces éléments-là, leur équipe aura un tout autre visage lors de la phase retour. Mais la fermeté de la Ligue de football professionnel (LFP), présidée par Mahfoud Kerbadj, et sa juste décision d'interdire le recrutement à tout club n'ayant pas réglé ses litiges financiers avec ses créanciers ont vite fait déchanter les inconditionnels mouloudéens. Bizarrement, cette situation ne semble pas inquiéter, outre mesure, les responsables oranais. Apparemment déconnecté de la réalité, le directeur sportif Larbi Abdelilah annonçait même 'la signature de quatre ou cinq joueurs de qualité dès cette semaine', alors que Djebbari, qui avait emprunté de l'argent à son garde-matériel pour verser aux joueurs une prime de match en retard, rassurait ses proches en leur promettant de 'tout régler avec les créanciers avant de commencer à étoffer et à renforcer l'équipe'.
Le wali d'Oran a, certes, consenti l'effort de réunir la modique somme d'un milliard trois cent millions pour tenter de résorber les 3,8 milliards de dettes, mais il n'a pas été aidé dans sa tâche par les principaux concernés, à savoir les dirigeants mouloudéens, incapables de trouver les fonds nécessaires pour combler le reste du trou financier. De plus, en apprenant que le MCO était frappé d'interdiction de recrutement et qu'une partie de ses sociétaires-salariés n'étaient pas régulièrement payés, les joueurs ciblés, à l'image de Feham et Belabbès, ont déclaré à leurs proches qu'ils 'préféraient, et de loin, rester dans le confort douillet de l'USMA avec l'assurance d'être grassement payé et de décrocher, même en jouant peu, des lauriers en fin de saison que de prendre des risques financiers et sportifs en revenant à Oran'.
Dès lors, entre le profil fataliste à adopter en enterrant trop rapidement les espoirs fous de toute une ville et se résigner à accepter le mauvais sort dicté par les incompétents hommes de décision ou s'accrocher au rêve tout aussi fou d'un incroyable et irréalisable retournement de situation semblable à celui de l'année de grâce 2006, le supporter mouloudéen a le choix. Un choix restreint mais tellement évident pour ceux qui ont un minimum de bon sens.
R. B.
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