Algérie

La non-assistance à personne en danger érigée en règle Morts par négligence dans des établissements hospitaliers à Constantine


La non-assistance à personne en danger érigée en règle Morts par négligence dans des établissements hospitaliers à Constantine
A. Lemili

En l'espace de 72 heures deux personnes sont décédées au sein d'établissements de la santé dans la wilaya de Constantine pour cause d'absence du directeur de garde pour l'une et du médecin de garde pour l'autre.
La première, âgée de 70 ans, a été admise à l'hôpital du Khroub aux premières heures de mercredi dernier pour une insuffisance respiratoire. Le vendredi, son état se compliquant, ses proches sont invités à la transférer vers le CHU en raison de la disponibilité des moyens et équipements idoines. Ce qui est l'option idéale et même obligatoire, sauf que c'est de son fils qu'est sollicité la démarche afin de lui obtenir une place au service de réanimation du Samu, alors que dans pareil cas la procédure est connue et nous l'avons confirmé auprès du responsable de la communication du CHU Constantine lequel nous précisera au téléphone : «Il faut demander au directeur de garde de transmettre un fax au 031 64 17 00 pour que le Samu se déplace avec un véhicule médicalisé pour la récupération de la malade.» Il y a lieu de souligner que ladite malade était intubée et ventilée.
Le problème est que le directeur de garde était absent et qu'il n'y avait sans doute pas de possibilité d'accéder au fax. Nous avons alors pris attache avec l'intérimaire, un infirmier qui n'était finalement au courant de rien sauf à nous tenir la même rengaine, celle qui consiste «à demander à la famille d'user de ses relations pour obtenir un lit en salle de réanimation». Impossible là encore, sachant que même s'il était possible d'obtenir ledit lit, les éléments du Samu ne se déplacent pas sans réquisition officielle dans la mesure où la malade se trouvait dans un établissement public de santé et non pas chez elle. Entre-temps le directeur de garde était toujours en vadrouille quelque part.
Nous avons alors tenté de contacter le directeur de l'hôpital du Khroub, son téléphone mobile n'étant pas accessible d'autant plus qu'il s'agissait du week-end et qui plus est moment de prière. Une autre tentative auprès du CHU laissera l'espoir aux proches de la malade de pouvoir la transférer pour peu que la docteure de garde explique dans les détails le cas. Ce que celle-ci fera mais sans que ça ne serve à quelque chose puisque de la part du Samu il sera toujours exigé un document écrit. Las, la famille de la patiente baissera les bras, préférant attendre le dimanche pour reprendre ses démarches, sauf que la malade ne pouvait plus attendre puisqu'elle décédera tôt le même jour.
La deuxième victime est âgée de sept mois seulement et s'est éteinte à l'hôpital de Zirout-Youcef. La défunte souffrait également de difficultés respiratoires et avait fait un arrêt cardiaque. Lors de son admission au service de pédiatrie le médecin de garde initialement désigné était absent pour des raisons personnelles et que toutefois «il devait être remplacé par quelqu'un d'autre qui ne s'est malheureusement pas présenté», selon les propos tenus à un confrère par le directeur de l'établissement.
Voilà comment fonctionnent les établissements de la santé et voilà surtout comment peuvent facilement mourir des personnes, et peu importe leur âge. Il faut surtout rappeler que ce sont ces comportements absurdes qui sont à l'origine de problèmes vécus par un médecin-chef qui a dénoncé ces attitudes. Ce qui lui a valu un retour de boomerang et littéralement une mise en accusation par le corps médical, dont il dénonçait les agissements, et sa hiérarchie, jusqu'à ce que la tutelle (le ministère) délègue une commission d'enquête, alors qu'il suffisait tout bonnement que des mesures radicales soient prises contre des professionnels qui ne sont en réalité que de grands charlatans.
Ce qui demeure le plus inquiétant dans ces deux affaires c'est que les proches des défuntes ne fassent pas usage de leur droit en intentant une action en justice contre les établissements concernés. Ces derniers préfèrent s'en remettre à la «justice divine», nous ont-ils dit.
A. L.
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