Publié le 15.02.2024 dans le Quotidien d’Oran
par Mammar Bouchakour*
Phénomène des temps modernes pouvant parfois avoir l'allure d'une véritable pathologie, à la limite de la psychiatrie, le terme de « Nomophobie » apparu en 2008, est une contraction, une forme de « mot-valise », qui vient de l'expression anglosaxonne « no mobil-phone phobia » et que nous pouvons traduire en français « phobie de l'absence de téléphone mobile » !
Le téléphone portable ou plus particulièrement le smartphone ainsi que les tablettes, les ordinateurs et autres écrans digitaux connectés, sont devenus depuis de nombreuses années les « meilleurs amis de l'homme et de la femme », a tel point qu'il ont fait exploser leur utilisation à l'ensemble des générations et des âges et sachant que, scientifiquement parlant ,quand on se connecte plus de 03 heures par jour à internet, on parle d'hyperconnexion digitale ; ce qui signifie une utilisation excessive des nouvelles technologies et du numérique et du temps qui leur est accordé !
Dans le terme « nomophobie », il y a phobie qui sous entends une forme de pathologie, décrivant la peur ou l'anxiété ressentie par certaines personnes lorsqu'elles sont loin de leur téléphone portable ou lorsqu'elles n'ont pas accès à un réseau de communication mobile, une panique intense, de l'anxiété ou du stress lorsque leur téléphone portable est éteint, perdu, hors de portée ou lorsqu'elles se trouvent dans une zone sans couverture réseau. Elle peut se traduire, aussi, par un besoin constant de vérifier son téléphone et d'être connecté en permanence quelle que soit la situation ou le contexte. En plus de cela , il faut signaler les problèmes de sommeil du à la lumière bleue émise par les écrans qui empêche la sécrétion de la mélatonine indispensable au sommeil donc avec une perte de la qualité du sommeil , d'insomnies ou de réveils nocturnes répétés et ne pas oublier, ou négliger les problèmes physiques, tels que les problèmes posturaux avec douleurs au niveau du cou, des épaules, des doigts et du dos, les problèmes oculaires avec sécheresse oculaire, troubles de la vision et fatigue oculaire en y ajoutant la sédentarité, l'immobilisme, en restant assis ou couché, et tous les risques cardio-vasculaires et l'obésité qui s'en suivent.
Sur la santé mentale, cette utilisation « hyperexcessive » va se traduire par une contribution à l'apparition d'un stress ainsi, que d'une anxiété grandissante créant une forme de gratification illusoire, instantanée, perturbant l'équilibre entre la vie réelle et la vie numérique et entrainant souvent un isolement social et d'importants troubles psychologiques.
C'est vrai aussi que les smartphones jouent un rôle essentiel dans notre vie quotidienne. Ils nous permettent de communiquer entre nous, de s'informer en continu, de mieux naviguer sur internet, d'accéder à nos réseaux sociaux et de prendre des photos ou des vidéos. Malheureusement, lorsque le téléphone se transforme en addiction, notre santé physique et mentale peut être menacée.
La prise en charge de la nomophobie implique un sevrage volontaire et, ce n'est pas facile, ainsi qu'une forme de reprogrammation de soi même et ce pas encore facile aussi !
Pour arriver à cela, il est indispensable que le patient prenne conscience de sa dépendance pour amorcer les actions qui s'imposent :
- Installer des alertes en cas d'utilisation excessive du téléphone ;
- Comptabiliser le temps passé sur le téléphone. Une fois la période prédéfinie dépassée, le téléphone peut par exemple être coupé. Des outils sont disponibles : ils portent le nom de contrôleurs ;
- S'investir dans une activité sans téléphone, par exemple du jardinage, la musique, etc. ;
- Se faire aider par sa famille ou un psychothérapeute en cas de besoin. En conclusion, nous pouvons considérer ce nouveau phénomène, de mode au début, puis de vie, comme le nouveau « mal du siècle » , psychiatrisé par des médecins pour certains, comme la plus grande dépendance non médicamenteuse du 21ème siècle, conséquence bien entendu de la sur connexion ou de l'hyperconnexion permanente des nouvelles générations des jeunes, en premier, suivie de la quasi majorité des gens comme cela le fut prouvé déjà en 2012 dans une étude britannique qui a conclu que 53% des utilisateurs ressentaient des « appréhensions » quand ils perdaient leur téléphone, étaient à court de batterie ou même lorsqu'il était éteint !
Alors c'est un sujet sérieux que nous pouvons considérer comme un futur problème de santé publique qui risquerait de s'accentuer !
*Professeur hospitalo-universitaire Retraité, Ancien médecin chef de service de Neurochirurgie CHU Oran
Sources :
1- Nomophobie. Charline D, Santé sur le Net, 12/04/2023
2- La Nomophobie : quand l'addiction à votre téléphone impacte votre santé. Lucie Marchand Univers Pharmacie .
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Posté Le : 24/02/2024
Posté par : rachids