Par nouvelles langues j’entends ici ces langues qui accèdent
aujourd’hui, progressivement, à la reconnaissance, plus ou moins bien
vue selon les cas, de la part des institutions. Ces nouvelles langues
sortent d’une longue période de fragmentation dialectale qui
constituait le meilleur prétexte des détracteurs de leur reconnaissance.
L’Espagne franquiste p.ex. parlait du catalan, du galègue et du basque
comme de ‘dialectes moribonds’, de langages de ruraux inaptes à
toute expression moderne et raffinée, la solution la plus raisonnable à
leur égard consistant à les laisser disparaître de leur mort naturelle, en
les y aidant un peu le cas échéant. La France n’y est pas allée non plus
de main morte et la langue française triomphe aujourd’hui dans ces
territoires où la génération des locuteurs de langue maternelle
régionale est loin d’avoir disparu.
L’immense travail qui attend les promoteurs de la nouvelle
langue – je n’apprends rien aux linguistes berbères qui m’écoutent –
est celui de la normalisation, qui consiste d’une part à unifier la
diversité dialectale, et d’autre part, lorsque la variation inter-dialectale
se revèle trop marquée, à élire une variété au détriment d’une autre,
toujours dans le but d’unifier. Au niveau phonologique et
morphologique, les élagages nécessaires ne sont généralement pas
trop douloureux. Il en va bien différemment en ce qui concerne le
lexique.
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Posté Le : 17/03/2024
Posté par : einstein
Ecrit par : - Durand Olivier
Source : Iles d Imesli Volume 2, Numéro 1, Pages 113-119 2010-12-31