Première petite rencontre, première grande défaite pour l'équipe
nationale au titre de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) qui se joue à
Luanda.
Les Algériens ont placé beaucoup d'espoir dans un jeu éphémère. Le
pouvoir politique a tout fait pour que ce soit ainsi. « En juin, la neige va
fondre », a lâché sagement un haut cadre de la présidence de la République
lorsqu'il a évoqué toutes les « manifestations d'intérêt » de la présidence de
la République aux compétitions footballistiques dans lesquelles les Verts
participent depuis les éliminatoires combinées de la CAN et la Coupe du monde.
Il semble que la neige a commencé à fondre bien avant juin. L'entrée, lundi
dernier, de l'équipe nationale sur le terrain angolais a laissé paraître une
nonchalance chez des joueurs qui semblaient plutôt narguer leurs supporters et
même leur staff dirigeant. Ils donnaient des coups de pied au ballon comme si
la victoire leur était acquise d'emblée. Ils ont sous-estimé l'équipe du
Malawi.
Certes, l'humidité et la forte
chaleur qui caractérisent le climat en Angola n'ont rien à avoir avec le froid
et le verglas de la région marseillaise où les joueurs algériens se sont
entraînés. D'ailleurs, une grande partie d'entre eux sont des expatriés qui
évoluent dans des clubs européens et qui n'ont certainement pas vaincu des étés
algériens où le taux d'humidité et la température sont suffocants. Décalage
horaire, décalage de température, décalage en commodités, il est probable que
les circonstances ont joué contre l'équipe nationale, mais rien ne justifie le
fâcheux résultat. L'Algérie n'a même pas eu droit au but de l'honneur.
Hier encore, des jeunes
commentaient amèrement cette lourde défaite des Verts. Le plus intéressant est
qu'on les entendait dire que les joueurs donnaient l'air de jouer les uns
contre les autres. « Comme si c'étaient des clans qui en voulaient les uns aux
autres », avait dit l'un d'entre eux. Propos à méditer dans un pays miné par le
jeu des clans. Encore, pour ce qui est de l'équipe nationale, ce n'est qu'un
jeu de pieds. Jeu qui ne peut en aucun cas être édifié comme une stratégie de
relance d'un pays en panne. Encore moins servir de leurre aux jeunes pour
détourner leur attention de l'essentiel. Les responsables tentent pourtant de
le faire croire. Beaucoup d'argent a été injecté dans la prise en charge des
joueurs, de leur staff et de tous leurs supporters. L'euphorie de Khartoum est
encore vive dans les esprits. La lourde défaite avec le Malawi a plongé les jeunes
et moins jeunes dans une grande déception. Elle est venue surtout rappeler à
tous que le pays n'a rien à offrir de mieux.
Le subterfuge qui élimine la compétence
Le pouvoir politique a dû
paniquer en voyant l'équipe nationale se faire battre à plate couture par un
adversaire qui n'a pourtant pas une grande histoire avec le football. Il a bien
vu qu'il ne pourra compter sur le football pour occuper les foules. Il est
ainsi contraint de renouveler ses lubies pour gagner encore du temps.
Jusque-là, il a toujours réussi à le faire.
Lundi, le Conseil de la nation a
installé ses nouveaux membres et a reconduit son président, Abdelkader
Bensalah. Personne n'a vu faire parce que tous les yeux étaient braqués sur
Luanda. Mais les changements qui sont intervenus au niveau de cette institution
ne nécessitent pas une grande attention pour voir que le pouvoir n'a fait, une
fois de plus, que perpétuer ses réflexes. Il l'a fait, par exemple, en
reconduisant huit des membres du tiers présidentiel. Il en fait ainsi des
rentiers. Son subterfuge est qu'il ne trouve pas de compétences pour pourvoir
les postes politiques. Des partis politiques affirment eux aussi qu'ils n'ont
pas de compétences notamment féminines dans leurs rangs. «Le président de la
République est otage des partis qui lui proposent n'importe qui pour gérer des
portefeuilles ministériels», nous disait récemment un haut fonctionnaire de la
présidence de la République. Bouteflika l'a lui-même reconnu un 8 mars, quand
il a lancé aux nombreuses femmes qu'il avait invitées à l'hôtel El-Aurassi que
s'il avait 10 femmes comme Louisa Hanoune, il n'aurait pas eu de problème.
L'aveu que le pays est géré par des incompétents est ainsi fait. Et tout est
fait pour qu'il le reste.
L'on se souvient lorsque le
président de la République a lancé dans l'un des ses discours, au lendemain
d'une de ses campagnes électorales, qu'il ne devait rien à personne et,
avait-il crié, « si quelqu'un pense que je lui dois quelque chose, je lui fais
un chèque ».
«Tout ce qui est mauvais est remonté à la surface»
Seulement, il faut admettre qu'il
s'accommode bien de la docilité. Ceux qu'ils maintient en position de rentiers
dans tous les domaines le restent ou le deviennent pour services rendus. Tout
responsable - les exceptions se comptent sur les doigts de la main - ne peut
l'être que s'il fait preuve au préalable de servitude, soit par le verbe, soit
par la disponibilité, par le fait ou même par des youyous et des
applaudissements.
La contrepartie est connue :
aucun d'entre eux ne doit contredire les décisions politiques ni même réagir
aux nombreux scandales qui rythment la vie du pays. Cités dans des affaires
scabreuses à plusieurs reprises, des ministres et des responsables de haut rang
continuent d'occuper leur poste sans qu'ils en soient inquiétés. C'est une ère
d'impunité où la raison reste perplexe. Les plus téméraires des observateurs se
contentent de dire que « ce qui est bien ces dernières années est que tout ce
qui est mauvais est remonté à la surface ». Une fois le constat fait et partagé
par tous, réagir contre ce gâchis n'emballe personne. Jamais le pays n'a fait
preuve d'une aussi grande indolence que ces dernières années.
La seule préoccupation du pouvoir
politique est de rester aux commandes du pays le plus de temps possible. L'idée
de faire émerger Saïd Bouteflika comme leader d'un parti politique n'est pas
une vue de l'esprit, comme veulent le faire croire certains milieux. De
nombreux contacts sont menés à divers niveaux. Les probabilités de la
faisabilité d'une telle démarche sont nombreuses. Toutes les suppositions sont
bonnes. La dernière en date est celle qui place Saïd Bouteflika dans le comité
central du FLN. Ceci étant, l'on continue d'affirmer en haut lieu qu'aucun
parti politique n'intéresserait le nouveau prétendant. «Sinon, rien ne
l'empêcherait de les fédérer tous, il suffit qu'il le demande pour que tout le
monde s'exécute », nous dit un responsable conscient du poids qu'a pris Saïd
Bouteflika après 11 années de présence au coeur même du pouvoir.
Il manque au tiers présidentiel,
au niveau du Conseil de la nation, 8 autres membres pour en faire 24
conformément à la Constitution. « Le président doit les garder sous la main
pour placer soit des ministres qu'ils compte changer, soit des responsables d'autres
institutions», nous disent des sources sûres. Beaucoup d'enquêtes, nous dit-on,
sont menées sur des responsables à plusieurs niveaux. «C'est certainement pour
éviter des erreurs de casting», nous dit-on.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 13/01/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ghania Oukazi
Source : www.lequotidien-oran.com