Algérie

La nécessaire adaptation du code du travail


La nécessaire adaptation du code du travail
Les violences envers les femmes et les discriminations dont elles font l’objet dans le monde du travail ont été au centre d’une rencontre organisée hier par la commission femmes de l’UGTA, au siège de la centrale syndicale, à laquelle ont pris part le secrétaire général de l’organisation, Abdemadjid Sidi Saïd, la ministre déléguée chargée de la Condition féminine et de la Famille, Mme Nouara Djaâfar, ainsi que de nombreuses syndicalistes, des représentantes du mouvement associatif et des militantes des droits des femmes. Sous le thème «Carton rouge aux violences faites aux femmes», cette manifestation s’inscrit dans le cadre de la Journée internationale (le 25 novembre) dédiée à la lutte contre les violences. C’est ce qu’a déclaré Mme Rahmani, secrétaire nationale et présidente de la commission femmes de l’UGTA. «Carton rouge pour le gouvernement, les employeurs et les syndicats. Ils n’ont pas réussi à protéger les femmes des violences qu’elles subissent par des lois. Chaque année nous faisons le même constat, mais rien n’a changé. L’article 341 bis du code pénal qui réprime le harcèlement sexuel est insuffisant et mérite d’être renforcé. Nous voulons une véritable stratégie de lutte contre les violences dans les domaines de l’éducation, construire des centres d’accueil pour toutes les femmes qui vivent dans les rues avec leurs enfants», a déclaré Mme Rahmani. Elle appelle au «respect des femmes travailleuses» en plaidant pour «une loi qui réprime sévèrement toute violence, qu’elle soit morale ou physique, à l’égard des femmes, à travers une sanction passible du licenciement». L’oratrice espère «briser» les mentalités «rétrogrades» qui empêchent toute évolution dans le domaine, en citant un exemple révélateur : «Lors d’une campagne contre le harcèlement sexuel, le secrétaire d’une importante union locale a exigé de nous d’enlever le mot ‘sexuel’ des pancartes en contrepartie de l’autorisation d’affichage. Nous voulons rendre sains et sûrs tous les espaces qu’occupent les femmes.» Elle estime que la lutte contre la violence et le harcèlement sexuel dont sont victimes les femmes «exige l’instauration de nouveaux mécanismes venant en appui aux textes juridiques, comme l’intégration de certains thèmes consacrant le respect de la femme dans les programmes scolaires». Pour elle, le combat doit concerner «toute la société sans exception» car, dit-elle, «l’idée de se taire est un acte inadmissible et inacceptable». Lui emboîtant le pas, M. Sidi Saïd a rappelé que ces revendications ont été soulevées pour la première fois en 1997, précisant qu’elles finiront par être concrétisées. Il affirme que l’organisation qu’il dirige compte 250 000 femmes structurées, qui exercent dans les secteurs privé et public, pour lesquelles il reste beaucoup à faire. «Depuis l’indépendance jusqu’en 2002, aucune femme ne représentait les travailleurs dans les rencontres internationales. En 1995, je me suis retrouvé dans une conférence internationale en tant que représentant des femmes travailleuses. J’avais très honte pour moi. Quelques années plus tard, elles étaient les seules femmes syndicalistes arabes parmi 4000 participants. Aujourd’hui, la situation a été inversée. Les femmes sont plus nombreuses dans les commissions. Elles font un travail extraordinaire, sont rentables et plus offensives que leurs collègues hommes», a déclaré M. Sidi Saïd. Il rend aussi hommage aux femmes qui travaillent dans les foyers et qui, selon lui, subissent la violence de leurs proches lorsque la cadence de leur production diminue. «Il ne faut pas que cette journée soit comme les festivités du 8 Mars. Elle doit être sanctionnée par des décisions concrètes», lance-t-il, avant d’annoncer les mesures que l’UGTA compte proposer tout prochainement. «Nous avons proposé un amendement du code du travail pour introduire des sanctions contre les auteurs de violence à l’égard des femmes sur le lieu de travail. Les mêmes dispositions seront introduites dans les prochaines conventions collectives prévues en 2013», a déclaré M. Sidi Saïd, sous les ovations des participants. Il a expliqué, en marge de la conférence, que ces propositions seront portées dans la partie juridique des prochaines conventions de branches afin de protéger les femmes d’une quelconque violence subie dans le milieu professionnel. «Ces mesures seront élargies aux règlements intérieurs des entreprises, mais également dans le nouveau code du travail afin qu’il reflète réellement les préoccupations des uns et des autres et particulièrement de la femme.»
Après une brève allocution prononcée par Mme Nouara  Djaâfar, les participants à cette rencontre ont assisté à un lâcher de ballons, avant de prendre part à une caravane de sensibilisation sur les violences faites aux femmes qui a sillonné quelques quartiers de la capitale.
 
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