La grève surprise et sauvage - c'est-à-dire sans préavis préalable aggravée par une agression contre des confrères de la presse dont un de L'Expression - des pilotes d'Air Algérie, est venue, si cela se pouvait, ajouter à la confusion qui frappe les activités nationales. Si les pilotes avaient de justes raisons de recourir à l'arrêt du travail, il n'en reste pas moins qu'il existe des règles, sine qua non, qui doivent être respectées. Jeudi, ce sont des voyageurs qui ont été pris en otage dans plusieurs aéroports, d'autres bloqués à l'étranger. Mais pas que ça! Il y a aussi la grève qu'observent les personnels médical et paramédical des hôpitaux. Là, on signale que le service minimum qu'exige la loi n'est pas toujours respecté ou totalement ignoré dans certains hôpitaux. Ce qui, quelque part, disqualifie leur cause au regard de malades, eux aussi pris en otage dans les engrenages de deux déterminismes: celui des grévistes et des pouvoirs publics. Ces derniers, tout aussi obtus et carrés dans leur prise en charge des dossiers. Cela sans revenir sur la situation déliquescente des hôpitaux algériens, vétustes, sous-équipés, surpeuplés, ne disposant pas du personnel adéquat - sous-payé et souvent mal formé - et donc incapables de fournir les services de qualité et qualifiés attendus d'eux. Mais pas que ça. Il y a aussi, les enseignants! Cela fait même belle lurette que ces derniers battent le pavé des villes d'Algérie - au même titre d'ailleurs que leurs collègues de la santé - sans résultats palpables jusqu'ici. L'école est sinistrée. C'est un euphémisme que de le réitérer tant le niveau de l'enseignement en Algérie a reflué de façon dramatique ces dernières années. Beaucoup de paramètres entrent dans cette régression dommageable, que nous n'allons pas tous énumérer ici. Relevons toutefois les principaux d'entre eux: des salaires et des logements indignes d'un corps de métier censé former l'élite de demain - c'est également valable pour les professeurs en médecine qui forment les futurs cadres et spécialistes algériens - des conditions de travail précaires, une documentation absente et inaccessible - notamment pour les chercheurs universitaires - une progression professionnelle nulle.... D'autres corps de métiers sont déjà en grève ou menacent d'arrêter le travail. Le fait est là: dans cette situation particulière, le citoyen lambda est touché de plein fouet par des grèves répétitives, perlées, sauvages, légales ou autres qui agissent sur sa propre compréhension du pourquoi de ces arrêts de travail. Il n'y a qu'à visiter les hôpitaux ou les écoles un jour de grève. Cela est la face de la médaille. Quid de son revers' Le fait évident est que les grèves paralysent des secteurs-clés de l'activité sociale du pays. C'est entendu! Il serait cependant trop facile de faire endosser aux seuls grévistes les retombées - souvent négatives - de ces revendications salariales et professionnelles. Aussi, le moindre des effets aurait dû amener les tutelles à faire l'effort d'écoute des demandes des enseignants, des pratiquants de la santé... postes combien stratégiques les uns que les autres. Or, les ministères en charge de ces secteurs (éducation, santé, transports, commerce, notamment) s'enferment dans un formalisme hors de saison, refusant invariablement le dialogue qui ne soit pas à leur mesure. Cette absence de véritable discussion butte donc sur la lecture réductrice que les pouvoirs publics font, ou se font, de la légalité et du droit de grève, justifiant à peu de frais leur désintérêt de situations qui perdurent depuis de nombreuses années. Cette attitude velléitaire, voire négative des autorités, n'est pas le signe d'un Etat fort capable d'affronter les turbulences induites par une société en continuel mouvement aspirant au mieux-être social et entend défendre ses droits dans le cadre de la loi et de la concertation. Il y a là, de la part des ministres en charge des secteurs concernés, un concept erroné de la gouvernance et de l'Etat. Un Etat fort et sûr de lui ne réprime pas, en tout état de cause, ne réprime pas des corps de métier qui produisent l'intelligence et le savoir, qui préservent la santé des citoyens. Les enseignants et professeurs de médecine ne sont pas des voyous et la moindre des responsabilités des autorités leur commandait, à tout le moins, d'être attentives à leurs doléances. Aussi, quand l'Etat est incapable d'écouter, lorsqu'il privilégie la force au dialogue, c'est que quelque part, il y a maldonne et disons-le: c'est la nation qui est ainsi mal servie.
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Posté Le : 21/05/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : N KRIM
Source : www.lexpressiondz.com