Le Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc) a organisé, la semaine dernière, une journée d'étude durant laquelle il a été fait part à l'assistance les résultats des recherches menées par l'équipe de ce centre sur le phénomène de la violence en milieu scolaire. Pour le Pr Mizab Nacer, de l'université de Tizi Ouzou, la violence en milieu scolaire est encore taboue en Algérie. Elle se manifeste soit entre deux élèves, ou entre un élève et son enseignant, ou bien l'élève et un représentant de l'administration scolaire.Mais l'exemple le plus criant des cas de violence en milieu scolaire est assurément celui des épreuves du baccalauréat de l'année 2013. C'est du moins ce qui ressort de l'exposée du Pr Aïcha Benamar, chercheuse au Crasc. «Personnellement, j'ai vécu des situations de violence furtives dans les wilayas de Mostaganem en 1996 et de Relizane en 2000, où des surveillants ont été agressés à l'intérieur et à l'extérieur. Mais cela n'est rien comparé à ce qui s'est passé en 2013», tonne-t-elle. Le cas de dérapage enregistrés lors des épreuves de 2013 répond en fait, selon le Pr Benamar, à de nombreuses transgressions.Parmi elles, on compte l'allègement des programmes des 3es années secondaires, qui constitue une première transgression des normes. Pour le Pr Benamar, le baccalauréat en Algérie est «une grosse machine bien huilée». «Si la norme donne aux individus un cadre de référence partagé, donc elle est injonctive.L'allègement des programmes est une première transgression des normes.» Et d'expliquer que les programmes scolaires sont le fondement de l'unité du système éducatif «car ils constituent le ferment de la société dans son devenir». Aussi, pour elle, «ceux qui ont réclamé l'allègement des programmes n'ont rien compris, car il ne s'agit pas de programmes, mais de compétences à développer avec des ressources qui constituent le programme».A cela s'ajoute la fixation du seuil national. «Le programme allégé devait normalement suffire et servir de base aux révisions du bac ; or, les élèves ont exigé un seuil défini selon l'avancement du programme à travers les différentes wilayas. Le ministère a, une fois de plus, cédé en mettant l'accent sur la nécessité de définir un seuil relatif».Enfin, troisième point ayant occasionné les violences du baccalauréat en 2013 : la transgression en salle d'examen. «Pour la tutelle et pour tout être bien-pensant, la norme en salle d'examen c'est l'organisation, l'ordre, le calme et le respect, mais en 2013, la transgression s'est manifestée dans la désorganisation, le désordre, la perturbation, la violence et le vandalisme».Le ministre de la Communication de l'époque avait attribué ces cas de violence'au réseau social facebook ! «Je pose la question : faut-il brouiller la fréquence du réseau facebook un mois avant les épreuves du bac ' Faut-il multiplier les surveillants par deux ' Faut-il placer les policiers devant chaque salle '» Et de conclure son exposé en posant cette question ô combien pertinente : «Peut-on éradiquer la violence dans les centres d'examen sans lutter efficacement contre la violence dans la société '»
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Posté Le : 05/03/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Akram El Kébir
Source : www.elwatan.com