Algérie

La musique andalouse en fête



«Qaâdat Z'men», un spectacle époustouflant de chants andalous et de variétés algériennes a été animé, vendredi soir à Alger, par les chanteuses, Nawal Illoul et Imène Sahir, dans des atmosphères de grands soirs. Le public, relativement nombreux, de la salle Ibn Zeydoun de l'Office Riadh El Feth (Oref), a été embarqué, près de deux heures durant, par les voix suaves de Nawal Illoul et Imène Sahir, dans un voyage au coeur du souvenir et de la nostalgie de la chanson algérienne. Dans une synergie à deux voix, Nawal Illoul au r'beb et Imène Sahir au violon, dans leurs beaux accoutrements perpétuant la tradition signée «Lylena», ont mis en oeuvre leur savoir-faire, étalant une trentaine de pièces rendues en deux volets avec des contenus variés entre, classique, hawzi, aâroubi, chaâbi, malouf et melhoun, entre autres. D'abord, «Noubet el inqilabet» et le fameux «krissi» (prélude musical) qui rappelle une des normes du genre andalou et renvoie aux divas algériennes qui, avec le hawzi et le aâroubi», ont marqué l'histoire de cette musique savante, à l'instar de Meriem Fekkaï (1889-1961), Cheïkha Tetma (1891-1962), ou encore, Fadhéla Dziriya (1917-1970). Les pièces, «Ya Assafi aâla ma mada», «Rachiq el qad», «Ana qad kana li Khalil», «Zarni el malih wahdou», «Honi Kanou», «Kane maâkoum djet» et «Wahd el ghoziel», ont été interprétées par le duo d'artistes, en alternant leurs couplets respectifs dans une grande complicité, aux variations modales entre Moual et Zidane, sous un éclairage feutré aux différentes ambiances. Un orchestre de sept musiciens virtuoses et bien inspirés, a soutenu les deux interprètes aux voix étoffées, dans une autre synergie animée, notamment par, Mohamed Zakaria Ghazi et Saïd Gaoua aux percussions, Sid Ali Bouzar, au violon alto, Hichem Yazid aux claviers, Abdelkrim Selmi à la basse, Saliha Ould Moussa au luth et Imad El Houari au qanun. Dans le mode «Araq», le duo a ensuite entonné, «El qelb bat salli», «Ah ya Bellaredj» et «Ach may'berred nirani», avant d'enchainer, «Welfi Meriem», «Ana touiyri», «Attar yal'Attar», «Ya lalla Z'hor» et «Rimoun rametni», devant un public qui avait déjà cédé au déhanchement, applaudissant longtemps les artistes. Adaptant un accompagnement basé sur des arrangements ouverts sur le registre des musiques du monde, les musiciens ont brillé de créativité sur les différentes chansons au programme des deux chanteuses, en posture debout cette fois-ci, pour apparaître dans la splendeur et le charisme des grandes cantatrices d'opéra. Les pièces, «At'haddeth't maâk ya qalbi», «Ya bnet El Djazaïr», «Ana lik», «Taht el yasmine», «Aâcheqt tofla andaloussiya», «Ma hal'ez'Zine», «Chehlet laâyani», «El qahwa wel'latay», «Ma naâref'ch wana s'gheiyer», ont été rendues avec le public qui reprenait en choeur les refrains de chaque titre, pour conclure dans l'euphorie, avec «Zine li aâtak Allah», dans le mode romantique du Sehli. «Les feuilles mortes», chanson d'Yves Montand sur un texte de Jacques Prévert et une musique de Joseph Cosma, «Bambino», chanson populaire italienne et «Ana fel'hob», boléro adapté de «Historia De Un Amor» de Carlos Eleta Almaran et Clovis Camelo De Melloe, ont également été interprétées par les deux sopranos, dans une belle traversée de la Méditerranée. Déjà chanteuse polyvalente, Nawal Illoul est venue à la chanson andalouse en 2001, avec l'association culturelle, «El Ghernatia» de Koléa, puis, en 2009, avec «El Bachtarzia», où elle s'intéressera au chant et à l'apprentissage du r'beb, son instrument de prédilection. Depuis 2013, elle compte à son actif, trois albums et cinq singles tournés en clips.. Etablie à Paris, Imène Sahir gère actuellement le projet artistique, «Imène Sahir Quintet», s'essayant ainsi à de nouvelles formes modernes d'expression tout en préservant l'authenticité des contenus de son répertoire qui reste relié au patrimoine et au terroir. Depuis 2008, elle a sorti deux albums et un coffret de quatre CD. Entre 2014 et 2020, elle s'est occupée de sa carrière solo, tout en dirigeant, à des périodes différentes, les orchestres des associations culturelles de musique andalouse «El Ghoutia «et «El Moutribia».


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