La Tunisie avance à pas mesurés pour sortir du long tunnel des incertitudes qui ont failli plonger la « révolution du jasmin » dans une situation chaotique. Depuis hier, un consensus s'est dégagé sur les fondements républicains de l'Etat et la référence à l'Islam comme religion officielle. En son article premier qu'il « n'est pas possible d'amender », la constituante stipule que « la Tunisie est un Etat libre, indépendant et souverain. L'islam est sa religion, l'arabe est sa langue et la République est son régime ». Plus qu'un compromis, cette avancée est l'expression d'une exigence unanime (le texte a été adopté par 146 voix sur 149) de la classe politique qui a fait le choix du débat démocratique pour sortir des errements de la transition marquée par la montée de la violence et du terrorisme. Il s'agit en l'occurrence de donner un nouveau souffle au processus de refondation pratiquement à l'arrêt depuis trois ans pour cause de climat délétère et de profondes divergences politiques et idéologiques. La nouvelle Tunisie qui émerge des batailles partisanes, voire sectaires des plus improductives, entend s'engager dans la construction d'un Etat démocratique pour concrétiser au mieux les idéaux de la jeunesse avide de changement et de dignité. Par delà les chapelles politiques, la mue démocratique impose les valeurs immuables de pluralité et de liberté d'expression dans toutes ses formes dans le respect d'autrui. « Respectez-vous les uns les autres pour le bon déroulement de la séance, évitez de vous lancer des accusations », a demandé aux élus le président de l'Assemblée, Mustapha Ben Jaâfar. Ouverte dans la matinée de vendredi, l'examen du préambule d'une demi-douzaine de paragraphes proclame « la fierté au sujet de la lutte de notre peuple pour accéder à l'indépendance...et par la suite pour se débarrasser de la tyrannie », tout comme il est souligné « l'attachement de notre peuple aux enseignements de l'Islam ». La Tunisie, qui a tourné la page des divisions, a entamé, à la reprise de la séance du samedi (hier : ndlr), la normalisation constitutionnelle qui lui permet d'appréhender avec plus de sérénité la transition équilibrée soucieuse d'une gestion collégiale des affaires de la cité. Outre l'abandon de la primauté de la chariaa comme « source de législation », le compromis à la tunisienne porte sur le partage du pouvoir exécutif entre le président et le Premier ministre. Le rendez-vous du 14 janvier, célébrant l'an III de la révolution, annonce le renouveau démocratique inscrit dans l'agenda du gouvernement indépendant de Mehdi Jomaâ.
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Posté Le : 04/01/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Larbi Chaabouni
Source : www.horizons-dz.com