Algérie - Mosquée Sidi El Haloui, Tlemcen


La mosquée Sidi al-Halwî, Tlemcen
Nom : Mosquée Sidi (Sayyidî) al-Halwî
Lieu : Algérie, Tlemcen
Date/période de construction :1353
Matériaux de construction : Pierre, marbre, plâtre, brique
Destinataire/mandataire : Abû ‘Inân Fâris
Dimensions : Mosquée : 27,50 x 17, 40 m ; salle de prière : 13,68 x 17,50 m ; cour 10,10 x 10,60 m ; minaret : H.

Inscriptions :

الحمد لله وحده أمر بتشييد هذا الجامع المبارك مولانا السلطان أبو عنان فارس ...مولانا السلطان أبي الحسن علي إبن مولانا السلطان أبي عثمان إبن مولانا أبي يوسف إبن عبد الحق أيده الله و نصره عام أربع وخمسين و سبع مائة .

Traduction-inscriptions :

Louange à Allâh Seul. A ordonné l'édification de cette mosquée bénie, notre maître, le sultan Abû ‘Inân Fâris … notre maître le sultan Abû al-Hasan ‘Alî, fils de notre seigneur le sultan Abû ‘Uthmân fils de notre seigneur Abû Yûsuf fils de ‘Abd al-Haqq, qu'Allâh consolide sa victoire, en l'an sept cent cinquante-quatre.

« la prospérité continue, la bénédiction parfaite et le bonheur » (façade entrée, sous les consoles, inscription kufique).
Cette mosquée est caractéristique de l'architecture des Marinides. D’une absolue symétrie, elle se présente sous la forme d’un rectangle plus profond que large ; elle se rapproche de la mosquée de Hasan à Rabat (où le rapport profondeur/largeur est de 1,31) qui elle-même s’inspire de la Grande Mosquée de Cordoue (où ce rapport est de 1,40).

Le porche monumental qui abrite la porte d'entrée est encadré par une frise en mosaïque de céramique faite de rosaces à huit pointes encadrant un bandeau géométrique surmontant une inscription qui mentionne la date d’édification et le commanditaire de l’édifice. Sa façade est couronnée d’un auvent supporté par treize consoles, qui s’appuient sur un bandeau épigraphié en kufique. Cet auvent est couronné par un toit de tuiles vertes. Construit en avant corps, sa forme dérive des portes de Tinmal, particularité que l’on ne retrouve dans aucune autre mosquée antérieure d’Algérie ou du Maroc. Cette porte, placée dans l’axe du mihrâb, ouvre sur une cour carrée cernée de portiques.

Sa salle de prière munie de deux entrées latérales compte cinq nefs perpendiculaires au mur qibli, qui reposent à la fois sur des piliers (extrémité des nefs) et des colonnes. Comme à Tinmal, certaines nefs s’arrêtent à une travée du mihrâb, délimitant ainsi un plan en T, déjà connu à la mosquée d’Abû Dulaf à Samarra (Irak) et à la Grande Mosquée de Kairouan. Les arcs des travées reposent sur des colonnes en marbre. De par son plan et sa façade, ce monument est très proche de la mosquée Sayyidî Abû Madyan d’al-‘Ubbâd, près de Tlemcen (1338).

Son mihrâb à niche hexagonale est coiffé d'une coupolette à muqarnas de plan octogonal s’inspirant des mihrâb almohades de Tinmal et de la Kutubiyya de Marrakech. La coupolette à muqarnas, d’origine iranienne, fut employée au Maroc à la Grande Mosquée de Tinmal édifiée par le souverain ‘Abd al-Mu’min. Les chapiteaux qui surmontent les colonnes du mihrâb ne sont pas sans rappeler ceux de Madinat al-Zahra et de la Qarawiyyîn de Fès, qui eux mêmes s'inspirent du chapiteau composite antique. Les sommiers qui les surmontent présentent un décor fait d'un bandeau orné d'éléments végétaux sculptés ; on en rencontre de similaires déjà à la Grande Mosquée de Kairouan et à l’Alhambra de Grenade. Ces magnifiques chapiteaux et colonnes pourraient provenir du palais inachevé de Mansura.

Les plafonds à caissons faits en bois de cèdre dessinent par leurs entrelacs géométriques des rosaces, des octogones, des losanges et des carrés. Ce décor évoque ceux de la madrasa contemporaine Bû Inaniyya de Fès et du Taller del Moro de Tolède. Les Marinides ont hérité ce mode de couverture des Almohades qui furent les premiers à l’utiliser, notamment à la Kutubiyya de Marrakech.

Le minaret placé dans l'angle nord-ouest de la mosquée ressemble à celui de la mosquée Saiyyidi آbû Madyan (Sidi Bû Madyan). Quadrangulaire, il se compose de deux parties, la tour principale et le lanternon orné d’un grand panneau au réseau losangé. On y remarque des défoncements cerclés d'arcades découpées, aux écoinçons géométriques. Cette tour rappelle par sa structure et son décor les minarets abd al-wadides. Le décor sur céramique, hérité des minarets almohades de la Kutubiyya et de la qasaba de Marrakech, est caractéristique de l’art marinide tel qu’on le rencontre aux minarets de la Bû Inaniyya et à la Grande Mosquée de Fès.

Bibliographie

Bourouiba, R., Apports de l’Algérie à l’architecture arabo-islamique, Alger : Entreprise nationale du livre/Office des publications universitaires, 1986.

Bourouiba, R., L’art religieux musulman en Algérie, Alger : S.N.E.D., 1981, p. 160-167.

Marçais, G., L’architecture musulmane d’occident, Tunisie, Algérie, Maroc, Espagne et Sicile, Paris : Arts et Métiers Graphiques, 1957.

Marçais, G., Manuel d'Art Musulman, L'architecture Tunisie, Algérie, Maroc, Espagne et Sicile, Paris : A.Picard, 1926.


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