La mosquée Ennour, où comme on l’appelle à Cherchell la mosquée aux cent colonnes, est un lieu culte qui occupe une place de choix dans le riche patrimoine local. Témoin du génie architectural des Andalous venus se réfugier à Cherchell après la chute de Grenade, cette mosquée a nourri des époques durant des légendes fantastiques, dont certaines racontent qu’une statue d’un cheval en or massif y est enfouie. « Construite sur les ruines d’un temple romain, la mosquée aux cent colonnes couve des vestiges d’une immense richesse architecturale, dont une partie à été mise au jour lors des fouilles pratiquées en 1861 dans sa cour. Cette découverte a été à l’origine de la légende de l’existence d’un cheval ailé en or grandeur nature qui serait encore sous les soubassements de la mosquée. « Cette histoire nous a été racontée par nos parents, eu- mêmes la détiennent des leurs », raconte Larbi Houari, ancien président de l’association de Cherchell (ARC). D’un aspect architectural semblable, même dans les moindres détails, à certaines mosquées de Grenade au moment de la présence musulmane, la mosquée Ennour s’appelait jadis Djamaâ El Kbir (la grande mosquée). « Depuis qu’un roi des Abdel Wadid de Tlemcen offrit une chaire (un minbar) en 1573 à la mosquée, celle-ci eut le rang de mosquée à Khotba (prêche du vendredi) et par voie de conséquence on la surnomma Djamaa el Kabîr », fait savoir le même interlocuteur qui révèle au passage qu’un imam officiant dans la mosquée en question, avant le début des années 1990, a apporté de son propre chef des modifications sur l’ossature du Minbar. Acte qui avait déplu fortement à la population locale jalouse de son héritage patrimoniale. « Cette modification avait consisté à réduire ce mobilier de certains de ses éléments pour le ramener au niveau de vision de l’imam. Cela provoqua un tollé général des responsables de la culture et de l’archéologie qui y avaient vu une atteinte à un patrimoine classé. Les conséquences ont été dramatiques pour l’imam responsable de cette profanation », se souvient-il. Et d’ajouter : « En 1850, cette mosquée a été transformée en un hôpital militaire avant de devenir 50 ans plus tard un hôpital civil. Après l’indépendance, il garda la même vocation. Ce n’est qu’en 1984 que ce lieu chargé d’histoire recouvra enfin sa fonction d’origine. Cependant, une partie de cette édifice abrite encore une structure relevant du secteur de la santé ». Bâtie sur une surface de 1734 m², la mosquée aux cent colonnes, située dans le quartier du centre-ville de Cherchell, dispose d’un patio de 160 m², lui-même serti d’un joli bassin pour les ablutions. Les colonnes jalonnant sa salle de prière sont surmontée par des voûtes dans une magnifique disposition.
Posté Le : 24/10/2014
Posté par : patrimoinealgerie
Ecrit par : Amirouche Lebbal- Photo : Yassine Benhamou
Source : Horizons Publié le 9 juillet 2014