Algérie

La Mosquée d'Alger pour la China State CEC, listée «corruptrice» par la Banque mondiale



L'affaire CITIC-CRCC de l'autoroute Est-Ouest n'a pas vraiment refroidi les autorités algériennes vis-à-vis des soumissions d'entreprises chinoises dans les grands contrats de travaux publics. La Grande Mosquée d'Alger, plus d'un milliard de dollars au départ, a été octroyée à la CSCEC. Circonstance aggravante, ce géant public de la réalisation est sur la liste noire de la Banque mondiale qui recommande de l'exclure des contrats publics de 2009 à 2015. Motif : entreprise réputée corruptrice.

La commission des marchés de l'ANGMA, l'agence en charge de la Grande Mosquée d'Alger n'a pas suivi, le 19 octobre dernier, la recommandation de la Banque mondiale. Celle-ci a mis en 2009 la China State Construction Engineering Corporation, CSCEC sur une liste noire des entreprises qui ont recours à la corruption pour obtenir des marchés dans le monde. La Banque mondiale propose donc à ses Etats membres d'exclure pendant une durée de 6 ans, CSCEC des appels d'offres pour obtenir des contrats de réalisation. La liste noire comporte 07 entreprises parmi lesquelles 04 sont chinoises. Cependant les faits incriminés sont circonscrits à un seul contrat, la réalisation d'un projet de modernisation du réseau routier au Philippines, projet dans le financement duquel la Banque mondiale était impliquée. Les montants en jeu n'étaient que de 33 millions de dollars – à comparer aux 11 milliards de dollars des 930 km de l'autoroute Est-Ouest en Algérie. Le Vietnam est réputé être le premier pays à avoir traduit dans les faits la recommandation de la Banque mondiale en retirant, en mars 2010, un marché de 85 millions de dollars précédemment attribué à CSCEC. Le géant chinois devait réaliser un système de drainage et de mise à niveau du canal Nhieu Loc-Thi Nghe, à Hanoï. La sanction de la Banque mondiale n'a aucun effet coercitif en réalité. L'organisme se réserve le droit de ne pas s'associer au financement de projets dans lesquels sont impliquées des entreprises qui figurent sur sa liste noire de l'atteinte à «la déontologie institutionnelle».

RECOURS

En Algérie, c'est, avec les années de rattrapage infrastructurelle, l'inverse qui s'est produit. La Banque mondiale est exclue de tout financement de projets de réalisation de grands équipements. Même son assistance technique est refusée dans la dizaine de contrats supérieurs à 100 millions de dollars signés depuis 2005 par le gouvernement algérien. Dans le cas de la mosquée d'Alger le choix du chinois CSCEC s'est fait au détriment d'une offre, reconnue très concurrentielle, conduite par le géant espagnol FCC, et portée également par deux grandes entreprises algériennes ETRHB (Haddad, privé) et Cosider (public). Un recours a été déposé par les «perdants». Est-ce qu'il évoque la recommandation de la Banque mondiale qui stigmatise les pratiques de CSCEC ?




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