Quand les graves défaillances se révèlent dans le drame ou la tragédie, la place du rationnel rétrécit dangereusement, jusqu'à ce qu'on ne sache plus ce qui est plus dur à supporter : le fait lui-même et ce qu'il a charrié comme douloureuses conséquences ou la difficulté à raisonner pour appréhender la suite de façon à réduire le risque que ça se reproduise. On sait la vanité de la chose et parfois sa nature dérisoire. Chercher des leçons utiles à un drame, surtout quand dans le cas précis il y a mort d'homme à un âge où on devrait croquer la vie et se tracer un destin a quelque chose de pénible, pour rester sobre dans la formulation. Un jeune footballeur du Mouloudia de Saïda est mort avant-hier. Lors d'un match. Sur la pelouse, selon une version. Lors de son transfert à l'hôpital, selon une autre. Des considérations... dérisoires. Ce qui l'est moins, ce sont les conditions de sécurité sanitaire dans lesquelles se déroulent nos matchs de foot, le suivi médical des joueurs et tout le reste. Bien sûr, on meurt aussi dans des pays où dans un match, chaque équipe a son... équipe médicale ultra-performante, des secouristes, des défibrillateurs et tout le matériel de dernière création. Ah, bon ' Si on meurt chez ces gens-là, vous imaginez ce que ça peut être chez les « autres », c'est-à-dire à Bouakeul, à Saïda, Tadjenant, Alger, ces zones d'ombre?de la planète foot sur la planète Terre ' Depuis le temps que ce genre de drames se répètent, ce n'est pas le sentiment qu'ils sont évitables qui fait le plus mal, c'est plutôt l'impression qu'on ne fait rien pour les... éviter. Evidemment, il y a des accidents contre lesquels on ne peut rien mais quand tous les risques sont là, de l'indigence médicale à la qualité des pelouses, en passant par la lenteur dans les interventions... À tous ces ingrédients qu'on connaît tellement que ça devient fatigant d'y revenir se sont ajoutés deux autres dans le cas précis. Le premier a suscité une course au... buzz, avec la publication sur les réseaux sociaux de photos du jeune Saïdi dans son souffle ultime. C'est d'un pitoyable voyeurisme. Et puis, on a appris que le défunt vit avec sa famille d'énormes difficultés matérielles d'où cette impression, toujours éc?urante, qu'il y a des drames qui ne frappent que les plus faibles. Ce n'est qu'un sentiment ' Peut-être, mais c'est important, les sentiments. Pour la petite histoire comme pour la grande, on a été surpris par la rapidité avec laquelle on a conclu que le joueur est mort des suites de sa chute et non d'un arrêt cardiaque. Enfin... surpris, c'est juste une façon de parler.S. L.
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Posté Le : 27/12/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Slimane Laouari
Source : www.lesoirdalgerie.com