Algérie

La mort d'Ebossé après l'émotion


La mort d'Ebossé après l'émotion
Tous les Algériens étaient, hier, consternés, bouleversés. Tout comme le président de la Ligue de football professionnel, Mahfoud Kerbadj. Tout comme lui, ils avaient du mal à croire à ce décès tragique. Au décès de l'attaquant de la JSK, Albert Ebossé, après avoir été atteint par un projectile lancé des tribunes à la fin du match qui opposait, au stade du 1er-Novembre de Tizi Ouzou, la JSK à l'USMA. Peu importe le score. Peu importe qu'il se soit joué pour le compte de tel ou tel championnat. Aucun enjeu et rien ni personne ne pourra justifier l'injustifiable. Un homme est mort victime de la folie d'un être humain complètement obnubilé par les prestations de l'équipe qu'il croit être la sienne. Ce qui s'est passé au stade de Tizi Ouzou, samedi dernier, est difficile à commenter. Parce que l'émotion est encore vive. Parce qu'un certain recul est nécessaire pour en débattre avec raison. On peut cependant relever que plusieurs voix pointent déjà le doigt sur la violence dans les stades. Certes elle existe et pas seulement chez nous. Tous les pays du monde où le football règne en maître subissent cette même violence. La dernière saison sportive a fait, chez nous, 600 blessés dont 400 parmi les policiers. Les saisons précédentes ont également eu leurs lots de blessés même si les chiffres sont différents. La violence dans les stades est effectivement une réalité. Souvent bien plus ancienne et tragique ailleurs. En Ecosse où un affrontement de supporters avait fait 66 morts et 108 blessés en 1971. Il y a eu le drame en Belgique des supporters de la Juventus de Turin avec 39 morts et 600 blessés en 1985. A Sheffield (Angleterre) quelques années plus tard en 1989, où il y a eu 96 morts et 170 blessés. Les exemples sont, hélas, nombreux. Ils comportent toutefois des différences. Entre la violence généralisée et celle d'individus isolés. Dans cette dernière catégorie, nous pouvons citer le supporter milanais qui, en 1995, a poignardé mortellement un supporter de Gènes. Ou encore en 2006 ce policier français qui a tué un supporter du PSG qui menaçait un supporter de l'équipe de Tel-Aviv. Il n'y a pas une violence dans les stades et une autre ailleurs. La violence est une. Dans le cas précis de la mort d'Ebossé, la bête humaine (il n'y a pas d'autre qualificatif) qui a lancé le projectile ne savait certainement pas qu'elle allait entraîner une mort d'homme. Il n'en demeure pas moins que cet acte isolé (disons-le) était favorisé par un climat de mécontentement généralisé qui régnait dans les gradins. D'ailleurs, il est fait état de plusieurs projectiles tirés. Ce qui confirme que la violence existe bel et bien dans les stades. C'est le sujet du débat qui va suivre le tragique décès d'Ebossé. Chacun y apportera sa contribution et des solutions seront avancées. Le même débat a déjà eu lieu par le passé. Les solutions sont à revoir puisque le problème persiste. Pour éviter de tourner en rond, il faut éviter de catégoriser la violence selon les lieux où elle s'exprime. A l'école. Sur la route. Dans les quartiers. Il y a un seul germe qui donne ces «poussées» de violence. Les moyens de les contenir peuvent être spécifiques et variables. Pour les contenir seulement. Son éradication totale nécessite une toute autre approche. Il ne s'agit pas de l'extirper d'un corps physique comme pour les routes où il suffit de placer des dos-d'âne pour stopper les accidents. Nous sommes en face du mental des individus. Un mental qui se façonne par une éducation, par des référents, par un legs de valeurs, par la culture, bref par des moyens qui n'ont de matériel que les supports qui les véhiculent. Ce travail a déjà commencé. Dans le respect de la dignité. Dans la distribution de logements décents. Dans le rapprochement de l'administration. Dans la réforme de l'école. Dans la multiplication des loisirs, etc. Ebossé est mort parce que ce travail n'a pas encore eu le temps d'atteindre tous ses objectifs pour commencer à donner ses fruits!


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)