Algérie

La mort comme programme


C' était attendu comme les métastases après le cancer, le docteur Fekhar est mort en prison des suites d'une grève de la faim, qu'il avait entamée il y a 40 jours pour alerter l'opinion sur son injuste sort. C'est d'ailleurs pour un délit d'opinion, comme Mohamed Tamalt, mort également en prison avant lui, qu'il a été mis au cachot.Il n'y a rien d'autre que du verbe, des mots ou des paroles, et celles-ci sous Bouteflika ou Bensalah peuvent conduire à la mort, même si évidemment, les autorités ne vont pas se sentir responsables, tout comme le juge qui a envoyé Fekhar ou Tamalt au bagne finir leurs jours, pas plus que le ministre de la Justice ou Bensalah, ils n'étaient pas là ou regardaient la télévision au moment des faits. On le sait, comme encore pour Tamalt, aucune enquête sérieuse ne verra le jour, l'Etat ne se trompe jamais, dire qu'il peut faire des erreurs est en soi une erreur, et même quand il pousse un chef de l'Etat à la démission, cela ne veut pas dire que celui-ci était dans l'erreur mais simplement qu'il faut changer de chemise régulièrement pour ne pas sentir mauvais. La triste mort de Fekhar dans les geôles du ministère de la Justice aura au moins le mérite de reposer le problème fondamental des libertés collectives et individuelles sur lesquelles bute encore le régime. Les libertés d'expression ou médiatiques, syndicales ou économiques définissent un cadre global qui signifie moins de contrôle sur la société et plus de possibilités accrues de révélations sur la gestion opaque des dirigeants. Pour toutes ces raisons, un Bouteflika, un Bedoui ou un Bensalah, un Bouchareb ou même un Gaïd Salah, élevés en caserne et nourris au secret, alimentés avec des chargeurs de téléphone et bercés par la musique du silence, vont avoir beaucoup de mal à dépasser ce cap essentiel pour l'avènement d'une République moderne. Pour toutes ces raisons, il faut en finir au plus vite et définitivement avec ce régime. Avec ou sans lui. Avec ou sans transition. Pacifiquement ou pas.
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