Algérie

La mort au pays de la mort


La vie coule comme un oued tranquille. Mais à sec. Personne ne s'en est d'ailleurs rendu compte ou presque, depuis la mort à la télévision d'Al Sabbah, émir koweïtien de l'éternelle lignée des Al Sabbah, l'Algérie est en deuil, par solidarités ethniques d'abord, par amitiés au sommet surtout. A l'ENTV et radios associées qui n'ont de toute façon pas grand-chose à dire, on a placé le Coran en boucle, et dehors, les drapeaux sont en berne. Mais c'est tout. Les activités sont restées normales comme à chaque deuil, tout le monde vaquant à ses occupations, le pas incertain des futurs du même nom et le couffin percé par le réalisme économique. Depuis longtemps, l'Algérie a appris à faire des deuils bio sur cette terre où la mort côtoie la vie avec tant de proximité qu'on ne sait plus qui est de quel côté. Elle a enterré ses martyrs de l'indépendance avec l'honneur qui leur est dû, tout en fêtant avec liesse l'indépendance retrouvée, mêlant youyous pour la mort et youyous pour la vie. Elle a fait le deuil du multipartisme avec à peine les épaules haussées, enterré le socialisme en chantant des airs de raï et la justice sociale en dansant sur des rythmes de diables américains. Elle a enterré Boudiaf, dont c'était l'anniversaire de l'arrivée à Alger avant-hier, avec les honneurs dus à son rang, même si dans certains quartiers acquis à la cause islamiste, des youyous, de joie, ont été entendus. Parenthèse, si les islamistes sont tous convaincus que ce sont les généraux qui l'ont tué, applaudir à sa mort était-il alors le signe d'une ralliement de l'islamisme aux généraux ' Mais bref, la question n'a plus d'importance puisque l'Algérie a enterré 200 000 morts tout en continuant à célébrer des mariages festifs, oublié 8000 disparus en célébrant des alliances politiques fastueuses. L'Algérie est-elle vivante ' Grand débat organique.


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