Algérie

« La montagne des lions » et le reste



Estimée à 42 000 ha, la couverture forestière de la wilaya d?Oran représente à peine 20% de son territoire. Très peu pour une ville du littoral. Ces chiffres ont été communiqués par M. Bezza, ingénieur d?Etat, chef de bureau à la Conservation des forêts qui a entrepris un travail de recensement de ce patrimoine naturel pour une meilleure prise en charge de sa gestion. Cette opération a été entamée en 1997, date qui coïncide curieusement avec la finalisation d?une étude globale sur l?environnement et le développement durable en Algérie commandée par la Banque mondiale (BM). Lors d?une intervention intitulée « Enjeux du développement durable en Algérie » à l?université d?Oran, Mourad Khelladi, ancien haut fonctionnaire de l?Etat, a estimé à un million d?hectares la superficie de forêt qui a disparu du paysage national entre 1955 et 1997 et à 12 millions d?hectares celle menacée par l?érosion dans les zones montagneuses. Pour le cas d?Oran, au lendemain de l?indépendance, les forêts domaniales, celles qui bénéficient de titres de propriété, ayant donc un statut juridique, ne couvrent que 6317 ha. Il s?agit, à titre illustratif, des forêts de M?sila (1068 ha) située dans la commune de Boutlelis, des Planteurs ou de Djebel Lak?har (1768 ha), communément appelée « la montagne des lions », située entre Gdyel et Hassi Benokba. Ces endroits sont connus du grand public parce qu?ils représentent des lieux de villégiature, de plaisance ou de randonnées équestres. « Les autres superficies n?avaient pas de statut et dépendaient soit des communes, soit des archs ou tribus alentours », explique M. Bezza, avant d?évoquer la loi 84-12 visant l?intégration de l?ensemble du domaine forestier national. L?opération de recensement général a débuté en 1997, simultanément avec le travail du cadastre général. Des arrêtés d?intégration des domaines forestiers ont été délivrés, mais, explique-t-on à ce sujet, il faut encore attendre la levée des réserves avant leur publication par la Conservation foncière de la wilaya. Les forêts de Ras El Aïn, à Gdyel, de Sidi Benyabka ou d?Arzew sont citées en exemple. A cause de l?indisponibilité dans l?immédiat des données puisées des archives, on ignore ici le taux de déperdition. « Les archives ont été déplacées et, mis à part certains retraités ayant exercé jadis dans nos services, personne ne connaît la superficie recensée dans le passé du domaine forestier d?Oran », atteste-t-on à ce sujet. N?empêche, l?intégration de ce qui reste permet, à titre d?exemple, d?agir en cas de dépassement en faisant actionner la justice. Les défrichements visant l?élargissement des terres agricoles, même s?ils ne représentent qu?une partie infime du phénomène de déforestation, sont néanmoins pris en compte. « Avec l?intégration, nous aurons les limites exactes de nos forêts grâce notamment à l?opération de bornage, une tâche qui sera confiée aux géomètres », explique-t-on, avant d?évoquer un autre phénomène, nettement plus destructeur, les incendies de forêt. Ils sont parfois volontaires, comme constaté à Aïn El Karma, une zone située à proximité d?un domaine agricole. Entre 1995 et 2004, le feu a ravagé 3742 ha avec un pic enregistré en 1998, où 1272 ha de forêt, de maquis et de broussailles ont été dévastés. Après l?incendie, un assainissement des parties touchées est nécessaire pour une meilleure régénération. Celle-ci est théoriquement soumise à des normes qui permettent une meilleure prise en charge. Le pin d?Alep étant la ressource principale, on estime qu?il faut 1600 plants par hectare si on veut atteindre un niveau de régénération acceptable. « Avec un bon assainissement, le pin commence à apparaître au bout de deux ans seulement », atteste-t-on. Le dépressage et l?élagage sont autant de travaux sylvicoles qui suivent le reboisement des aires incendiées. La ressource arboricole est, par ailleurs, tellement protégée que même le transport du bois est soumis à une réglementation qui exige un permis de colportage délivré par la Conservation des forêts. De même pour tout abattage d?arbres, théoriquement, même s?ils sont situés à l?intérieur d?une propriété privée. C?est dire que la législation existe. Enfin, dans un souci de préservation de la biodiversité, alors que le rapport de la BM propose le classement des îles Habibas au même titre que les monts Chréa, le site du Murdjadjo, qui surplombe la ville, un parmi trois, est bénéficiaire d?un aménagement en zone de développement durable.


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