Algérie

La monnaie de la pièce (II)


La monnaie de la pièce (II)
Les Kurdes syriens doivent effectivement voir tout cela d'un mauvais oeil mais Poutine avait pris soin, du temps sa brouille avec le sultan, de les laisser ouvrir une semi-ambassade à Moscou.Encore un atout dans sa manche au moment où s'engageront les négociations finales. Gageons qu'il manoeuvrera habilement pour trouver un terrain d'entente acceptable par tous. Chose intéressante à relever dans ce contexte de demi-alliance à la fois russo-kurde et américano-kurde : Erdogan ne renâcle pas contre Moscou alors qu'il se perd en imprécations contre son allié états-unien. Comme si l'OTAN n'en avait pas assez, notons encore que les soldats turcs en opération dans le grand nord syrien sont victimes des armes bulgares que Sofia, autre membre euro-atlantique, avait, sur injonction US, généreusement distribuées aux rebelles modérés et immodérés et dont une partie s'est retrouvée aux mains de Daech. Des armes otaniennes qui tuent des soldats d'une armée de l'OTAN, n'en jetez plus! La question que tout le monde commence à se poser est : mais que fait encore la Turquie dans l'organisation atlantique ' Déchirement difficilement cicatrisable avec les Etats-Unis, rapprochement avec la Russie et l'Iran et même alliance tactique ponctuelle avec ces pays, assagissement de sa politique extérieure (le bataillon turc quittera enfin le nord de l'Irak)... L'inégal Causeur a publié hier un article globalement ridicule, mais qui comporte un point intéressant et que partagent beaucoup d'observateurs : « Les Russes commencent, aujourd'hui, à nous rendre la monnaie de notre pièce en désarrimant, sous nos yeux, la Turquie de l'OTAN. La Turquie d'Erdogan, notre alliée supposée, qui fait sa guerre et organise la paix en Syrie et au Moyen-Orient, main dans la main avec la Russie et l'Iran ' Poutine, dans ce qui sera peut-être analysé plus tard comme un basculement systémique, renforce ainsi avec pragmatisme et opportunisme la défense sur le terrain des intérêts russes en s'alliant avec les deux autres acteurs qui osent passer résolument à l'acte (en parvenant à passer au-delà de l'opposition d'Erdogan à Bachar Al-Assad, ce qui prouve que les ennemis de mes amis peuvent aussi être un peu mes amis si tout le monde y gagne).(...) Il introduit en passant un ver mortifère au coeur de l'Alliance Atlantique. Pire encore qu'une possible défection de la Turquie qui quitterait l'OTAN (probablement le scénario idéal si nous avions le courage de le mettre sur la table), nous gardons - avec la bénédiction de Moscou - au sein de cette alliance, un membre envers lequel nous ne pouvons plus avoir confiance. La confiance, coeur nucléaire d'une alliance militaire et stratégique. Poutine ne désarrime pas formellement la Turquie de l'OTAN, il la désarrime effectivement, tout en la laissant théoriquement en faire partie, suffisamment en tout cas pour y propager le ver de la méfiance. L'OTAN pourrira peut-être par la Turquie... » Un quart de siècle après la manipulation de Gorbatchev par Bush père ? « L'OTAN n'avancera plus vers l'Est » -, Poutine commence à rendre à l'empire la monnaie de sa pièce. (Suite et fin)
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)