La "magie" de la révolution a réussi à opérer dans un pays qui, alors que tout le monde ou presque le croit livré pieds et poings liés au conservatisme le plus rétrograde, se laisse, petit à petit, gagner par un vent d'ouverture salvateur. C'est là le constat fait par l'ancien président du RCD, Saïd Sadi. "Ouverture politique, ouverture sociale et ouverture mentale. Tout est encore fragile mais tout éclot dans la cité algérienne pendant que tout se ferme dans la citadelle assiégée", a-t-il relevé dans une contribution postée hier sur sa page Facebook et intitulée "Blocage d'Etat, ouverture citoyenne". Et d'enchaîner : "La voix du peuple citoyen traverse les carapaces idéologiques les plus tannées. Il reste à donner urgemment consistance et cadres d'accomplissement à ce miracle." Pour le leader démocrate, "le vent de l'ouverture souffle dans la base sociale" et "atteindra et, au besoin, emportera le sommet d'un pouvoir nécrosé". Cet optimisme, Saïd Sadi le tire du mea-culpa en bonne et due forme exprimé par des hommes ayant longtemps roulé leur bosse au sein du système avant de se "reconvertir" à la démocratie comme l'ancien chef de gouvernement, Sid Ahmed Ghozali, qui a publiquement soutenu que "nous sommes les harkis du système" ou encore l'autre ancien chef de gouvernement, Mouloud Hamrouche, mais sans le citer nommément, qui, dans une contribution récente, a alerté sur les dangers que fait peser le système sur la nation et l'armée. "Il faut avoir une certaine densité intérieure pour faire un travail sur soi-même qui conduit à admettre publiquement le contraire de ce que l'on a professé une vie durant", a remarqué Saïd Sadi avant d'assurer : "Et, dans cette période de questionnement général, cet effort doit être apprécié car il peut être le signe d'une capacité d'écoute précieuse dans une période où il faut tout inventer." Une "porosité" qui gagne même les rangs des "sphères politiques les plus inattendues" en commençant à "nuancer leurs affirmations", elles qui, par le passé, avaient décrété être "dépositaires de la vérité divine". "La mobilisation citoyenne bouleverse de fond en comble la donne politique algérienne. Elle est en train d'effacer bien des frontières et génère des attitudes propices au compromis novateur qui plus est, s'opère autour des fondamentaux démocratiques", a-t-il estimé. En plus de ces évolutions notables qui se sont opérées chez les courants "nationaliste" et islamiste, l'ancien président du RCD s'est particulièrement réjoui de la prise de conscience et de la maturité politique des jeunes du hirak, en citant nommément la jeune militante du RCD, Samira Messouci, jetée en prison il y a plus d'un mois pour avoir brandi le drapeau amazigh mais aussi sa belle réplique au juge qui l'avait entendue en lui assénant : "L'amazighité est constitutionnellement reconnue. Pourquoi nous avoiremprisonnés '" "Ce n'est pas diminuer le mérite personnel de cette vaillante jeune femme que de considérer sa belle lucidité comme le signe d'une émancipation collective que plus rien ne pourra freiner (?) Il y a longtemps que l'on savait que le niveau du citoyen était supérieur à celui du dirigeant", a-t-il remarqué. Autre fait d'actualité commenté par Saïd Sadi : l'entêtement de l'actuel homme fort du régime à organiser une présidentielle présentée comme une "hérésie politique". "Une improbable élection présidentielle est, en principe, prévue pour le mois de décembre. Passons sur l'hérésie politique qui veut réaliser un scrutin que le peuple rejette sans la moindre ambiguïté pour rester dans les aspects procéduraux", a-t-il relevé, tout en ironisant sur le "spectre" du "président fantôme" qui "reste silencieux tant qu'il n'est pas sollicité". Pour l'ancien président du RCD, l'"échange adulte" avec les nouveaux maîtres du pays n'est plus possible depuis le 9 juillet, date de l'expiration de l'intérim présidentiel assumé par Abdelkader Bensalah. "La fermeture et la déraison étaient les choix retenus pour continuer une aventure que même ses auteurs peinent à placer dans les présentoirs politiques", a-t-il déploré, non sans toutefois se féliciter de la vigueur de la permanence de la révolution du 22 février qui "ne faiblit pas". "La cinglante réponse du peuple opposée à la convocation du corps électoral prévue pour ce 15 septembre était prévisible. Seul le pouvoir s'enferme dans un déni échappant à toute logique", a-t-il asséné.
Arab Chih
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Posté Le : 08/09/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Arab CHIH
Source : www.liberte-algerie.com