Algérie

La misère, vivier du terrorisme


Le Mali est considéré par le Pnud (Programme des Nations unies) comme l'une des régions les plus pauvres du monde où les populations locales sont au bas de l´échelle du seuil de pauvreté et où l'espérance de vie ne dépasse pas les 50 ans.
Comme un malheur ne vient jamais seul, ce pays est entré, le mois dernier, dans une ère d´instabilité politique vraisemblablement durable qui a poussé les populations du Nord, de Gao, de Tombouctou et de Kidal à trouver refuge dans les pays voisins, dont l´Algérie, à venir grossir les rangs des réfugiés des conflits ethniques qui se comptent par millions en Afrique.
A l´origine de la crise malienne, une décennie d´implantation terroriste salafiste dans cette région désertique, inhospitalière, au relief souvent accidenté et difficile d´accès, qui s´étend sur 4 millions de kilomètres du Tchad à la côte Atlantique, où, par endroits, il est impossible d'acheminer un minimum d´aide humanitaire.
C´est pourtant dans cet endroit où la misère est générale que les salafistes de l'ex-GSPC, devenu Al Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi) avaient choisi de s´établir après avoir fait allégeance à l´organisation terroriste de Ben Laden, vers la seconde moitié des années 2000.
L´ex-GSPC avait fui la pression des forces spéciales de l´ANP dans l´extrême Sud algérien pour cette terre de personne. Pour gagner la confiance des populations locales, les hommes de Mokhtar Benmokhtar ont joué à fond la misère sociale des nomades qui survivaient, jadis, en partie grâce au tourisme. Cette activité a cessé depuis que les groupes terroristes se sont spécialisés dans les prises d´otages, le trafic d´armes et de drogue.
Aqmi va donc s´employer à développer ses activités d´endoctrinement, à mener une vie de proximité avec ces familles nomades, allant jusqu´à tisser des liens, exploitant aussi à fond l´absence d´Etat et le vide institutionnel. Elle fait distribuer une partie des rançons et de l´impôt prélevé sur le trafic de drogue aux chefs des tribus qui sont devenus, pour beaucoup d´entre eux, des intermédiaires des gouvernements européens qui paient pour obtenir la libération de leurs ressortissants.
D´autres notables se sont spécialisés aussi dans le trafic d´armes à grande échelle depuis le territoire libyen et alimentent le mouvement indépendantiste de l´Azawad (MNLA). C´est ainsi que sur fond de misère sociale dans le Sahel, tous les phénomènes vont s´enchaîner.
Ce qui a fait le nid d'Aqmi au Mali a favorisé l´émergence d´autres mouvements terroristes radicaux dans la région, comme à l'ouest de l'Afrique (Mujao), dans le nord du Nigeria et au Niger. Au total, ce sont des millions de personnes menacées par une misère d´un autre âge qui constituent potentiellement aujourd´hui le vivier d´Al Qaïda dans la région sahélo-saharienne. Le Mali est en train de devenir progressivement une nouvelle Somalie aux portes du Maghreb et à quelques milliers de kilomètres seulement de l´Europe, où la chari'a est la source du droit.
L´Algérie, qui se trouve en première ligne de la lutte antiterroriste dans la région du Maghreb et du Sahel, a réussi à sensibiliser ses pays voisins du sud (Niger, Mali et Mauritanie) à agir conjointement contre ce phénomène qui ignore les frontières et se nourrit de la misère des populations en zones éloignées. Le pacte de Tamanrasset propose un traitement global du problème, militaire bien sûr, avec la création d´un commandement opérationnel commun des états-majors, mais aussi social et économique pour le développement des régions nord des pays du Sahel.
C´est sur le terrain socioéconomique que les Etats membres ont décidé d´intervenir pour élever le niveau de vie des populations locales et les soustraire, en même temps, à l´influence que continuent d´exercer sur eux les groupes salafistes. Cette stratégie sera sans doute payante à terme, à condition que la communauté internationale joue le jeu à fond, loin des calculs géostratégiques des puissances.


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