Le président Bouteflika a reçu Horst Kohler
La Chambre haute du Congrès américain s'est dite «préoccupée par le blocage du processus de paix au Sahara occidental» et elle a demandé à l'ambassadrice des Etats-Unis auprès de l'ONU, Nikki Haley, d' «engager le Conseil de sécurité à trouver une solution à ce conflit».
C'est dans le cadre de sa première tournée dans la région que le président Abdelaziz Bouteflika a reçu, lundi dernier, l'envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, Horst Kohler, en présence du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, et du ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel. Le constat est fort simple: aucun progrès n'ayant été enregistré depuis des décennies pour l'organisation du référendum d'autodétermination convenu au terme des discussions entre le Maroc et le Front Polisario, tâche principale assignée à la Minurso. Or, la mission onusienne a même été «expulsée» par le gouvernement marocain en avril 2016, sous prétexte qu'elle outrepassait ses prérogatives parce qu'elle relevait les innombrables dépassements des forces d'occupation marocaines dans le territoire sahraoui occupé. Un acte qui en dit long sur le crédit que le Maroc accorde aux décisions de la communauté internationale dont les résolutions sont non seulement ignorées mais carrément piétinées au motif qu'une puissance, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, use constamment du droit de veto pour protéger son vassal. Régulièrement, l'Assemblée générale de l'ONU en écho aux décisions et recommandations pertinentes de l'Union africaine tente de hausser le ton pour infléchir l'arrogante démarche du royaume, mais, au final, les années passent et se ressemblent quant au déni des droits du peuple sahraoui jusque dans les arcanes de l'Union européenne où certains milieux complaisants, pour ne pas dire complices, s'efforcent en permanence d'imposer des accords contraires au droit international et aux résolutions de l'ONU. Situation qui pousse les ONG à suivre attentivement les manoeuvres orchestrées par Rabat à travers des lobbies sonnants et trébuchants pour contrevenir aux règles tout juste rappelées à bon escient par la Cour européenne de justice. C'est ainsi que l'Observatoire des ressources naturelles du Sahara occidental (Wsrw) a encore mis en garde hier l'Union européenne (UE) contre l'inclusion du territoire du Sahara occidental occupé dans le nouvel accord d'aviation qu'elle envisage de signer avec le Maroc. L'Observatoire rappelle qu'en décembre 2016, la Cour de justice de l'UE (Cjue) avait confirmé que le «Sahara occidental est un territoire distinct et séparé du Maroc», et dès lors, elle avait estimé qu'aucun accord avec le Maroc ne devrait l'inclure sans l'aval explicite du peuple sahraoui.
Cette montée au créneau est nécessaire parce qu'elle répond à une tentative de la Commission des transports et du tourisme du Parlement européen de «réviser en toute hâte» l'accord en question, pour le soumettre au vote en plénière, pour son approbation sans connaissance de cause véritable. Wsrw réclame ainsi la clarification de la portée d'un tel accord avant le vote, de sorte que les députés européens sachent clairement les conséquences, notamment sécuritaires, des dessertes aériennes européennes à El Ayoun et Dakhla, villes sahraouies occupées par l'armée marocaine. La mission de l'envoyé spécial Horst Kohler, ancien président de la République fédérale allemande, intervient néanmoins dans un contexte de moins en moins favorable au Maroc. La Chambre haute du Congrès américain s'est dite en effet, lundi dernier, «préoccupée par le blocage du processus de paix au Sahara occidental» et elle a demandé à l'ambassadrice des Etats-Unis auprès de l'ONU, Nikki Haley, d'engager le Conseil de sécurité à trouver une solution à ce conflit. «La commission est préoccupée par le manque de progrès dans le règlement du conflit prolongé sur le statut du Sahara occidental», relève le texte du budget 2018 du département d'Etat, approuvé par la Commission du Sénat en charge des dotations budgétaires (Appropriations Committee). L'ambassadeur des Etats-Unis auprès de l'Organisation des Nations unies doit faire intervenir le Conseil de sécurité sur cette question, en particulier sur la mise en oeuvre de la résolution du Conseil de sécurité 2351 du 28 avril 2017», précise la commission dans le chapitre consacré au financement des opérations du département d'Etat à l'étranger. Il s'agit là d'une déclaration conforme à la légalité internationale et d'un appui sans équivoque au fait que «les territoires sahraouis occupés sont bel et bien sous la juridiction de l'ONU et non pas celle du Maroc». En témoigne le fait que la même commission a consacré un chapitre séparé de celui du Maroc concernant l'aide accordée au Sahara occidental et dont le financement incombe à la Minurso chargée d'oeuvrer à «une solution pacifique, durable et mutuellement acceptable au conflit». M.Kohler a ainsi la tâche claire et délimitée en ce sens que la communauté internationale est unanime à confirmer, encore et toujours, qu'il n'existe «aucune puissance administrante» du Sahara occidental, un désavoeu pour toutes les manoeuvres marocaines, et que la Minurso a mandat pour exécuter sa mission au-delà du simple rôle d'observateur et agir fermement pour la tenue du référendum d'autodétermination en dépit des obstacles dressés constamment par Rabat.
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Posté Le : 25/10/2017
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Chaabane BENSACI
Source : www.lexpressiondz.com