Algérie

La ministre française de la Francophonie : Une visite «très riche, très efficace»



La visite de trois jours en Algérie de Yamina Benguigui, la ministre française chargée de la Francophonie, qui s'est achevée hier samedi, aura été très dense. Elle s'en est d'ailleurs flattée et a souligné avant son départ de la capitale algérienne que «cette visite a été vraiment très riche, très efficace. Je rentre très heureuse et optimiste aussi». Plus concrètement, Mme Benguigui a surtout préparé la visite du président français en Algérie, même si elle a également abordé avec ses interlocuteurs algériens, de vastes pans de la coopération bilatérale, notamment le volet culturel. A Alger, elle a en fait assuré que «le Président (François Hollande) arrive en Algérie avec des mots nouveaux, un langage nouveau, un langage très humain». «Nous sommes aussi dans une année importante qui est le 50ème anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, je suis moi-même devant vous, je suis aussi très sensible, je suis d'origine algérienne», a-t-elle précisé. «La visite de M. Hollande n'est pas anodine. Elle sera le point de départ d'un dialogue entre l'Algérie et la France», avait-elle souligné, vendredi, lors d'une conférence de presse. Pour elle, «l'histoire entre les deux pays est douloureuse, mais nous devons réfléchir comment nous pouvons avancer ensemble et le rapprochement doit se faire des deux côtés». Elle a en fait reconnu que «plusieurs dossiers de coopération sont bloqués» à cause d'une mésentente et du poids des mots entre Paris et Alger, estimant qu»'il est temps de se remettre à la table du dialogue». Bien sûr, elle précise : «On ne mettra jamais de croix sur le passé colonial de la France en Algérie et d'ailleurs, ce n'est pas la volonté de M. François Hollande, pour qui la visite en Algérie pèse lourd», a-t-elle relevé. Pour donner une idée des grands moments de vide entre les deux pays nés du poids des mots, elle prend comme exemple «les discours sur les bienfaits de la colonisation (dont la loi du 23 février 2005 adoptée par le Parlement), qui ont été très violents et très vexatoires à l'égard des Algériens, même au regard des Français, et ont même ralenti ce qui était en marche dans le cadre de la coopération entre les deux pays», a admis la ministre française. Pour elle, il est grand temps que ce passé entre les deux pays, c'est-à-dire les errements du dernier septennat, soit oublié.
Par ailleurs, elle a également abordé avec le ministre chargé des Affaires maghrébines et africaines, M. Abdelkader Messahel, le dossier du Mali et les solutions à envisager pour rétablir la situation au nord de ce pays. Elle a indiqué avoir discuté avec M. Messahel sur ce dossier et notamment la réunion prévue le 26 septembre au siège des Nations unies. La France est en fait favorable à une intervention militaire au Nord-Mali pour expurger la région des groupes terroristes installés à Gao, Kidal et Tombouctou, alors qu'Alger prône le dialogue politique entre les différentes factions maliennes pour résoudre cette crise. Mme Benguigui a ainsi affirmé que l'Algérie et la France sont d'accord pour se concerter et parler d'une seule voix à cette réunion de haut niveau en marge de l'Assemblée générale (de l'ONU) le 26 septembre. «A partir de maintenant et jusqu'au 15-20 septembre, aussi bien du côté algérien que du côté français», des discussions vont être menées afin d'harmoniser les positions et tenter de «ne parler que d'une seule voix», a-t-elle précisé.
Pour autant, la ministre française d'origine algérienne a également abordé le volet culturel durant sa visite à Alger. Sur la Francophonie d'abord et après avoir rencontré le ministre de l'Education nationale M. Baba Ahmed Abdelatif. Elle a estimé qu'au volet de la coopération culturelle algéro-française, et particulièrement la Francophonie, que «le français aujourd'hui n'appartient pas qu'à la France, il appartient à l'espace francophone et c'est une langue qui nous permet de nous parler ensemble en Afrique». En outre, elle a assuré «réfléchir à mettre en place des solutions techniques et financières pour permettre aux éditeurs français de céder les droits de réédition d'oeuvres d'auteurs algériens francophones afin que leurs productions puissent être éditées en Algérie» où le prix élevé de ces ouvrages pénalise le lecteur algérien, a-t-elle estimé au terme des ses entretiens avec la ministre de la culture, Mme Khalida Toumi. La problématique de l'édition en Algérie d'auteurs algériens, «classiques» en particulier, se pose depuis quelques années en raison du refus d'éditeurs français de céder les droits d'édition de ces auteurs dont les oeuvres sont proposées en Algérie à des prix élevés. Les deux ministres ont évoqué la mise en place d'un «dispositif de concertation permanent» afin de «mieux coopérer» sur des sujets comme la formation, notamment dans les métiers du cinéma, puisque Mme Benguigui est elle-même réalisatrice. Elle a, par ailleurs, laisséentendre que le gouvernement français pourrait prochainement faire des «gestes» importants dans le sens d'un «apaisement» des relations algéro-françaises, soulignant que «cela fait partie de la réflexion du président François Hollande et du «ressenti de Laurent Fabius». La ministre française chargée de la Francophonie a été reçue au cours de sa visite en Algérie par plusieurs ministres, ainsi que le Premier ministre, M. Abdelmalek Sellal.


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