Algérie

La ministre de la Culture et la vraie vie



Elle n'avait pas besoin de se donner cette peine pour vérifier sa popularité mais elle l'a quand même fait. La jeune ministre de la Culture a peut-être été obligée par sa hiérarchie à aller au casse-pipe en l'envoyant à Timgad inaugurer le festival qui porte le nom de la ville. Mais il se peut aussi qu'elle ait décidé, toute seule comme une grande, d'aller vers ses premiers sunlights de ministre. Il faut dire que par les temps qui courent, les opportunités de parade gouvernementale manquent terriblement et quand il y en a une qui se présente, les ministres voudraient bien s'en passer, souvent. Sinon, c'est dans la? culture du système d'envoyer au charbon les subalternes quand il y a risque que l'accueil ne soit pas particulièrement chaleureux. Quand les responsables à tous les niveaux sentent que la colère est à son comble dans une localité, une région, un groupe social ou une catégorie professionnelle, ils commencent d'abord par voir s'il n'y a pas quelqu'un à expédier dans le chaudron. Dans ce genre de situations, le maire missionne l'adjoint, le chef de daïra son secrétaire général, le wali le chef de daïra, le ministre le wali, le Premier ministre le ministre et ainsi de suite jusqu'au sommet de la responsabilité, même si la hiérarchie n'est pas toujours aussi nettement lisible. Mais nous n'en sommes même plus là. Si Mériem Merdaci a été instruite d'aller à Timgad, cela veut dire que le gouvernement a encore pensé pouvoir s'offrir un test à moindres frais. Dans le cas où tout se passe bien, c'est tout bénef. Le gouvernement ne convaincra personne de sa légitimité-crédibilité mais ça doit faire quand même un moment qu'il a renoncé à cette ambition. Un semblant d'existence active et de continuité de l'Etat feront parfaitement l'affaire. Sinon, on peut toujours tout mettre sur le dos de la jeune femme. Eventuellement, il peut même la sacrifier. Personne ne sait pourquoi elle est là, personne ne s'émouvra de la voir virée. Par contre, s'ils «partent tous», cela changera la donne. La ministre de la Culture qui, récemment, croyait même génial de crier à la face des Algériens, trop sûre d'elle, un tantinet arrogante, que « l'équipe gouvernementale à laquelle elle appartient n'est pas rejetée par le peuple», a eu à vérifier ce qu'elle devait, à moins qu'elle ne vive dans une bulle, savoir déjà. Les sifflements et les huées n'ont pas cessé une seule seconde tout au long de son discours inaugural du festival. Et on ne peut pas vraiment dire qu'en l'occurrence, elle avait affronté la foule la plus enflammée du pays en termes de contestations, le public de ce genre de manifestations étant plutôt «cool». Si elle n'a compris que depuis cette soirée où en sont les choses, c'est qu'elle a drôlement tardé. Si elle avait compris avant et elle a continué, personne ne peut rien pour elle. Si elle n'a pas encore compris, c'est plus grave : son «équipe gouvernementale», les Algériens lui demandent de partir, pas d'inaugurer quoi que ce soit. Même pas le? festival de Timgad.S. L.


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