Un regard sur le Fiqh
A l’ère du Prophète les dispositions législatives correspondaient aux nécessités de l’époque. Les lois ne furent pas révélées d’un seul coup ; elles furent proclamées graduellement au fur et à mesure que les faits les sollicitaient. De plus, ces lois tenaient compte des cas particuliers. A titre d’exemple, lors de la guerre de Banou Qoraïza, le Prophète édicta de manière exceptionnelle cette disposition : il donna l’ordre à un muezzin d’appeler les fidèles en disant : «celui qui entend et obéit n’accomplira la prière d’Al-Asr qu’à Béni Qoraïza». Les gens le suivirent. Mais certains ne firent pas la prière d’Al-Asr étant donné l’ordre du Prophète selon lequel personne ne devait accomplir la prière d’Al-Asr ailleurs qu’à Béni Qoraïza. Ils étaient ainsi préoccupés de leur guerre. Ils ne firent la prière d’Al-Asr que bien après son heure, après celle d’Al-Icha. Dieu ne leur en tint pas rigueur dans le Coran. Et le Prophète ne le leur reprocha pas [Ibn Hicham «As-Sira an-nabawiya» V. 3, p. 245, 3° édition - Beyrouth - Dar Ihya Al-Tourath Al Arabi 1971].
Quand les justiciables venaient comparaître devant lui, Abou-Bakr consultait le livre de Dieu. S’il y trouvait la référence nécessaire, il jugeait en conséquence. S’il n’y avait pas une telle assise dans le Coran, il recherchait s’il n’y eut pas, de la vie du Prophète , un cas similaire jugé par celui-ci ; dans l’affirmative, il prononçait le même jugement. Sinon, il demandait aux Musulmans leur concours en disant «j’ai à me prononcer sur tel cas. Avez-vous connaissance d’un arrêt rendu par le Prophète dans une situation pareil ? Il arrivait que des gens lui révélaient l’existence d’un précédent. Autrement, il convoquait les chefs et les plus vertueux parmi les fidèles et leur demandait conseil. Quand ils étaient unanimes à proposer un jugement, il prononçait [Ibn al-Qayyam al_Jouzia «A’lam al-Mouaq-qiïne». T.I, p. 62 Beyrouth, «Dar al-Jil», 1973].
Omar eut à trancher la question des terres conquises. Il ne les répartit pas entre les soldats estimant de l’intérêt général d’épargner une ressource financière durable à leur bénéfice, au titre des dons et à celui de l’administration de l’Etat et afin que les nécessiteux en soient servis pour toujours. Certains approuvèrent, d’autres firent des objections. Omar s’en tient à son idée de faire prévaloir l’intérêt général, et l’affaire fur ainsi réglée [Abou Youssouf «Kitabou al-Kharaj, p. 24, 3° édition, le Caire, imprimerie Salafiya 1382 H].
On intenta devant Omar Ibn Khattab une action contre les assassins d’un homme, tué par sa belle-mère et son amant. Omar hésita à condamner plus d’une seule personne pour le meurtre d’une seule âme car la loi coranique prescrit «âme pour âme» [Sourate Al-Maidah, v. 45]. Ali Ibn Abi Talib lui dit : «Amir al-Mouminine, si on te présentait un groupe de voleurs qui se sont partagé le mouton volé, les aurais-tu condamnés à avoir les mains coupées ? «Omar répondit : oui». Ali lui dit alors : « Dans le cas présent, c’est la même logique qui s’impose». Omar adopta le point de vue d’Ali et écrit à son gouverneur : «Fais exécuter les deux. Si tous les habitants de Sanaâ s’étaient associés au meurtre de cet homme, je les aurais tous fait exécuter» [As-saïs «Nach’at al-fiqh al-Ijtihadi wa Atawarouth», p. 42 - Le Caire 1970].
Abou Bakr faisait preuve d’une équité exemplaire dans le partage des biens entre les gens. Il traitait tous les musulmans sur un même pied d’égalité, et ne considérait nullement l’argent ou les biens qu’ils recevaient comme une rétribution pour les actes accomplis pour l’amour de Dieu. Il disait à ce sujet : «actes accomplis pour Dieu seront rétribués par Dieu. La vie ici-bas est éphémère et, partant, le bon exemple doit prévaloir contre le favoritisme». Omar, lui, était enclin à distinguer entre les gens. Il disait : je ne peux traiter également celui qui a combattu le message de Dieu et celui qui a lutté à ses côtés, ni celui qui a abandonné famille et biens s’exilant pour Dieu et celui qui, par peu du glaive n’a embrassé l’islam que l’année de la conquête» [* Abou Jaâfar Tarabi «Tarikh», T. III, p. 614 et T. IV, p. 90-91 Commentaire d’Aboul-Fadl Ibrahim, Le Caire, Dar Al-Maârif, 1970. * Al-Mawardi «Al-Ahkam As-Soltania», p. 200-201, 3° édition, Le Caire, imprimerie - Librairie Al-Halabi, 1966
Suite et fin
Mohammad Dayfoullah BATAYNA
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Posté Le : 04/10/2008
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com