La méthode Chanegriha

Ses propos à l'occasion de l'installation des directeurs des services de renseignement intérieur et extérieur n'étaient qu'un avant-goût de sa méthode qui tranche nettement avec celle de son prédécesseur dans le poste. Ses ordres aux responsables et éléments des services de renseignement valaient plus une invitation au changement dans le mode de fonctionnement qu'injonctions.Le chef d'état-major de l'ANP par intérim, le général Saïd Chanegriha, a dévoilé, avant-hier à partir de la 3e Région militaire où il a effectué une visite, son "plan d'action" qui vise à rétablir l'ANP dans les règles d'une armée professionnelle. "Un professionnalisme qui sacralise le travail assidu comme étant la voie unique et la plus sûre pour se hisser aux plus hauts rangs et gravir les fonctions et les responsabilités, en sus de la compétence, de l'aptitude, du sérieux et de l'intégrité, ainsi que de la loyauté à l'armée et à la patrie", dit-il dans son discours transmis en vidéoconférence.
Des critères, que l'on peut lire en décodé ou par extrapolation, qui n'ont pas toujours prévalu dans certaines promotions et n'auraient pas été scrupuleusement respectés. Moins "cassant" avec des discours à la sémantique corsée au point d'être, à chaque fois, perçu comme une provocation, surtout lorsqu'il s'agissait du hirak, l'actuel patron de l'ANP développe un discours modéré et qui s'en tient volontairement à sa mission et sans, jusque-là, s'essayer à l'évocation de la sphère politique là où a été trop loquace le défunt Gaïd Salah.
Aussi précise-t-il que sa feuille de route, qui est soit dit au passage, nouvelle, s'inscrit dans le cadre de la vision de "l'Algérie nouvelle", qui appelle, cela s'entend, à adopter à la fois une nouvelle philosophie et la stratégie qui l'accompagne en touchant, comme dans un projet de refonte globale, tous les secteurs de la vie du pays.
Et le chef d'état-major de l'ANP de détailler un peu plus les critères devant caractériser les cadres de l'ANP : "Je voudrais également mettre l'accent, une fois encore, que cette nouvelle étape, que nous nous apprêtons à entamer avec confiance et ferme détermination, nécessite, particulièrement des cadres, de se conduire en chef avisé, qui doit s'imposer en tant qu'instructeur et encadreur, et comme étant le gestionnaire de son unité et le commandant sur le terrain.
En effet, le chef se distingue par sa compétence, sa capacité et par l'amour qu'il porte à sa profession et non par son grade. Il se caractérise par une conduite irréprochable, une parfaite maîtrise des armes, une grande conscience du poids des responsabilités et une aptitude à s'acquitter des missions assignées avec brio et professionnalisme."
Il glissera cependant que "cette nouvelle étape" pourrait signifier une rupture avec la méthode précédente. Ce qui confirme l'information, si elle était vraie, qui le donnait opposé à certaines décisions de son prédécesseur, le défunt Ahmed Gaïd Salah.
Et d'ajouter enfin à l'adresse des cadres de l'ANP plus de précisions sur l'évolution de leur carrière et de leur promotion : "Tel est le professionnalisme que nous souhaitons inculquer (aux) personnels de l'ANP, un professionnalisme qui sacralise le travail assidu comme étant la voie unique et la plus sûre pour se hisser aux plus hauts rangs et gravir les fonctions et les responsabilités, en sus de la compétence, de l'aptitude, du sérieux et de l'intégrité, ainsi que de la loyauté à l'armée et à la patrie.
Tels sont les critères essentiels dont je tiens compte pour évaluer les cadres, et telle est la feuille de route et la nouvelle vision que nous ?uvrons sans relâche, en tant que Haut-Commandement, à imprégner dans les esprits des responsables de l'ensemble des structures et des unités de l'Armée nationale populaire." Tout un programme !

Djilali B.