Algérie

La mesure du repos biologique fait encore des vagues



La mesure du repos biologique fait encore des vagues
C'est bien sûr au niveau des Chambres de la pêche et de l'aquaculture, quand approche l'entrée en vigueur de la période du repos biologique, que le ton monte d'un cran. Une tension qui persiste entre les marins pêcheurs et leur vis-à-vis locaux, c'est-à-dire les responsables des Chambres de la pêche et de l'aquaculture, durant la première quinzaine du mois de mai. C'est en tout cas le même topo depuis quelques années, mais qui s'est accentué depuis 2012. Pourtant les pouvoirs publics avaient, à l'époque, répondu favorablement à la principale revendication des marins pêcheurs de compenser leur manque à gagner durant les quatre longs mois que dure le repos pélagique. C'est en effet une formule d'indemnisation des professionnels qui subissent des arrêts de travail durant la période du repos pélagique qui a été adoptée dans la loi des Finances 2012. Ils sont, selon le ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques, 5 000 marins pêcheurs à pouvoir bénéficier depuis 2012 d'un tel dispositif de compensation. Une indemnisation qui d'ailleurs est jugée insuffisante par les gens de la mer. C'est d'ailleurs ce que nous a souligné un propriétaire de chalutier immatriculé dans le port de Béni Saf que nous avons rencontré lors du dernier Salon de la pêche qui s'est tenu en mai 2013 à Alger.«L'aide financière que l'on perçoit a vite fait de s'effriter au bout du deuxième mois sans entrée d'argent alors qu'on doit cesser toute activité pendant quatre mois», nous a-t-il expliqué. Toujours à propos del'indemnisation accordée par les pouvoirs publics aux professionnels de la pêche, il faut croire qu'elle est encore très en deçà de ce qu'espérait percevoir la corporation. C'est en tout cas ce que nous avons pu comprendre après discussion avec des marins pêcheurs rencontrés lors de notre passage dans les ports de pêche de Zemmouri et de Bouharoun (centre du pays).Les patrons de pêche estiment que la durée du repos biologique est trop longueSelon nos vis-à-vis on ne peut demander à des équipages entiers de cesser toute activité pendant quatre mois : «Les maigreséconomies ont vite fait d'être consommées au bout du deuxième mois sans entrée d'argent.» D'autres, interrogés sur le même sujet et à la même occasion, nous ont signifié que «sil'indemnisation ne peut être revue à la hausse pourquoi ne pas réduire le durée du repos biologique !». Et d'arguer dans ce sens : «Nous estimons que la durée du repospélagique est trop longue car cela pénalise lourdement les marins pêcheurs.» Cette approche est aussi soutenue au niveau decertains responsables au niveau de quelques chambres régionales de la pêche. Ces derniers, qui ont tenu à garder l'anonymat, pensentque «la durée du repos biologique doit être déterminée sur des bases scientifiques et non pas de façon empirique comme ça a été le cas jusqu'à présent». Ce qui a, du coup, engendré chez de nombreux patrons pêcheurs un mécontentement au point de ne pas tenir compte de l'instruction ministérielle. En clair, certains patrons n'ont pas hésité plusieurs fois à lever l'ancre pendant la période d'interdiction de pêcher, commettant ainsi des infractions à la législation en vigueur pendant toute la durée de repos biologique. Ce n'est pas pour autant que dans le milieu des gens de la mer qu'une frange importante reconnaît l'importance de la période du reposbiologique. Ce dont d'ailleurs elle a (la frange) fait part à la tutelle.Des infractions courantes malgré l'intérêt du repos biologiqueÀ propos du repos biologique, denombreux experts dans le domaine de la pêche maritime soutiennent qu'il demeure unecondition sine qua non pour la préservation de la ressource halieutique. Ces derniersétant d'ailleurs convaincus du bienfait de l'instauration du repos pélagique, seule manière de préserver nos réserveshalieutiques. Comme ils avancent d'autres arguments en faveur du repos biologique. Pour M. Bouaïcha, chercheur au niveau du Centre national de recherche et de développement de la pêche et de l'aquaculture (Cnrdpa), que nous avons pu interpeller lors d'un séminaire organisé en 2013 sur le thème de la production halieutique, «la pêche massive de poisson femelle en phase de ponte influe négativement sur la biomasse, mais aussi et surtout sur le plan social, où des milliers de familles, dont le revenu est lié à la pêche, pourraient se retrouver sans ressources». Comme il faut aussi souligner que la tutelle n'a eu de cesse ces dernières années d'organiser desrencontres de sensibilisation à l'adresse des patrons pêcheurs. Et où il leur est rappelé que la préservation de la ressource permettra d'assurer sa disponibilité, de préserver l'emploi et de renforcer l'économie nationale, et ce, grâce à une gestion rationnelle de la biomasse. Toujours dans ce sens les experts en la matière attestent que «pour une exploitation rationnelle et durable des produits de la mer, il faut appliquer strictement le repos biologique». Est-ce le cas 'L'interdiction de pêcher n'est pas tout le temps respectéeLes pouvoirs publics avaient cru que l'indemnisation pourrait enfin libérer les marins pêcheurs de l'angoisse de ne pouvoir avoir de revenus durant les quatre mois d'interdiction de pêche, et que cette mesure contribuera également à diminuer les cas de non-respect du repos pélagique. Selon denombreux observateurs, les infractions liées à l'interdiction de pêcher pendant la durée du repos biologique se sont multipliées cesdernières années (lire les déclarations de M. Belout). Pour un grand nombre d'intervenants dans le secteur de la pêche halieutique, l'application du dispositif ministériel demeure partagée entre l'administration et les professionnels. En effet pour eux, c'est à l'administration de veiller à ce que le dispositif ne pénalise pas trop les pêcheurs et aux professionnels de respecter ce qui a été décidé. Ils estiment, par ailleurs, que pour éviter toute tentative de non-respect de la mesure, il faut mettre en place des garde-fous. C'est d'ailleurs ce que le ministère de la Pêche a fait en créant une cellule nationale de suivi et de contrôle de la réglementation en vigueur.La cellule nationale assume-t-elle sa mission'C'est un constat très vite vérifiable dans de nombreux ports de pêche du pays : pendant la durée d'interdiction de pêcher les femelles grainées et les alevins qui se concentrent près du littoral sont ramenés dans les filets des sardiniers. En outre n'a-t-on pas observé également, pendant la période d'interdiction, que de la sardine tout juste sortie de son âge larvaire est proposée à la vente sur les étals des poissonneries du pays. Ce non-respect de la taille marchande est une preuve que le repos pélagique imposépar le ministère de tutelle, qui prend effet chaque année du 1er mai au 31 août, n'est nullement observé par certains patrons de pêche. Pis encore : cela revient à dire que certains patrons de pêche font fi de laréglementation relative à la limitation de la taille minimale des mailles des filets.C'est bien là un constat tout à fait inquiétant qui renvoie à la question suivante : que fait la cellule nationale de suivi et de contrôle de la réglementation en vigueur ' À priori, il serait impensable qu'une telle cellule puisse contrôler toute la zone sous interdiction de pêche qui s'étend sur trois miles marins et sur 1 200 km de côte. Ce qui amène à croire que des patrons de pêche échappent au contrôle de la cellule nationale et arrivent même à approvisionner au quotidien les poissonneries en sardine de petit gabarit, mais en prenant la précaution de les mélanger à d'autres de taille marchande. Un fardage qu'ils croient nécessaire pour ne pas éveiller l'attention des contrôleurs.Aujourd'hui, il s'agit de savoir, comme la période d'interdiction de pêche àl'intérieur des 3 miles marin a débuté, si la réglementation va être appliquée à la lettre ou bien va-t-on enregistrer ici et là des infractions. Tout dépendra bien sûr du degré d'efficacité de la Cellule nationale de suivi et de contrôle de la réglementation en vigueur.Z. A.




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