Algérie

La mer reconnaîtra les siens



Mercredi dernier, pendant que les honorables parlementaires votaient, le ventre plein, pour l'éternelle reconduction, un autre drame se jouait ; le soir même, 15 harraga étaient arrêtés en pleine mer pour délit de fuite. Jusque-là, l'histoire n'a rien de surprenant ni de la part de l'Assemblée habituée à recevoir les pires humiliations ni de celle de la mer, habituée à recevoir des milliers de déçus des systèmes politiques.A la lecture de la fiche de renseignements des 15 harraga présentés par les garde-côtes de Ghazaouet, on s'aperçoit que 9 d'entre eux ne sont pas Algériens mais Afghans. Des Afghans harraga en Algérie ' Si les Algériens sont connus depuis longtemps pour partir, à toutes les époques, par n'importe quel moyen et pour n'importe quelle raison, on connaissait les Afghans pour une autre spécialité, celle de quitter leur pays afin de renforcer le front de la guerre en Algérie.Que s'est-il passé pour que des Afghans soient arrêtés au large de l'Algérie pour être déférés devant le parquet d'Oran comme de vulgaires harraga ' Rien. Les Algériens ont tellement pris l'habitude de l'exil marin qu'ils ont ouvert de nouvelles voies à tout le monde et même les candidats de lointains pays passent par ici pour aller ailleurs, confirmant la remarque d'un poissonnier national : « Il y a beaucoup plus de harraga au large des côtes algériennes que de crevettes ou de rougets. » Ce qui explique le prix affolant des poissons et crustacés, d'une part, et le peu de valeur accordé à la vie humaine en Algérie d'autre part. Pendant donc que les parlementaires dînaient au bord de la mer pour fêter la victoire de l'immobilisme sur le changement, 9 Afghans tentaient de partir d'Algérie en clandestins.Le constat est révélateur. Depuis le jour de la réforme de la Constitution qui permet au président Bouteflika de rester président à vie, même les Afghans quittent l'Algérie.


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