Algérie

La menace terroriste: «a toujours existé en Tunisie»



La menace terroriste «a toujours existé en Tunisie», estime le ministre de l'Intérieur Ali Larayedh, quelques jours après l'annonce d'arrestations de jeunes liés à la mouvance d'Al-Qaïda, et «la réponse à l'extrémisme n'est pas uniquement sécuritaire», insiste-t-il.

«La menace existe et a toujours existé», a déclaré M. Larayedh dans un entretien à l'Afp, alors que douze jeunes Tunisiens «liés à des groupes proches d'Al-Qaïda» ont été récemment arrêtés et soupçonnés d'avoir voulu stocker des armes «dans la perspective de l'instauration d'un émirat islamique en Tunisie».

«Il y a déjà eu les événements de Rouhia (2 militaires tunisiens tués en mai 2011), de Soliman (14 morts en 2007)», rappelle-t-il. «Notre vigilance, je l'espère, va déjouer toute tentative de porter atteinte à la sécurité nationale», ajoute le ministre. Avant de souligner que «le phénomène de l'extrémisme a plusieurs dimensions», et que «la réponse sécuritaire n'est pas la seule». «Il faut traiter ce phénomène avec l'éducation, les prêches religieux, l'information, la culture, la justice et la sécurité, ainsi qu'il faut apporter des réponses socio-économiques», insiste M. Larayedh, membre du parti islamiste Ennahda, et titulaire d'un des portefeuilles les plus stratégiques et les plus symboliques qui soient. «Il est injuste de nous accuser d'inertie» vis-à-vis des salafistes, assure-t-il. Ces derniers ont, depuis la victoire d'Ennahda aux élections d'octobre, investi le domaine public et été à l'origine d'incidents dans des facultés ou lors de manifestations. «D'une façon ou d'une autre, nous sommes encore un peuple en révolution. Nous sommes passés de l'état de contrainte à une liberté sans limite, très vaste. Il nous faut un certain temps pour trouver l'équilibre. Le phénomène extrémiste va probablement durer plusieurs années mais finira par s'essoufler», juge M. Larayedh, reprochant aux médias de «focaliser sur la question des salafistes». «Il est vrai qu'après la révolution, il y a une certaine anarchie et une faiblesse des institutions de l'Etat. Mais notre but est clair : bâtir un Etat de droit et faire respecter la loi par tous, qu'ils soient salafistes ou pas. Ceux qui occupent des routes, des bâtiments administratifs, c'est la même chose. Nous travaillons sur toutes les infractions quelles qu'elles soient», insiste le ministre. En poste depuis 6 semaines, l'ex prisonnier politique, qui a passé 15 ans dans les geôles de Ben Ali, assure n'avoir aucun esprit de revanche et vouloir mener à bien la transformation du système sécuritaire, outil numéro un de la répression, sous l'ancien régime. «Nous devons d'abord régler le problème du matériel: depuis la révolution, des commissariats ont été attaqués, des voitures détruites, le matériel est archaïque... Ensuite il faut changer les mentalités, les réflexes, sur le plan du respect des droits de l'Homme». La police politique a été démantelée, affirme M. Larayedh. «Ceux qui suivaient, capturaient et torturaient des militants, des syndicalistes, des artistes, ont été démis de leurs fonctions ou affectés à d'autres tâches dans l'administration», déclare-t-il. «Aujourd'hui nous avons une police de renseignements qui suit les criminels ou les groupes qui pourraient porter atteinte à la sécurité nationale. Ce sont des forces républicaines, des policiers apolitiques», dit-il.

Interrogé sur les archives du pays, M. Larayedh insiste sur l'importance de «protéger le passé pour qu'il ne soit pas à la disposition de n'importe qui». «Nos archives sont désormais bien protégées», assure l'homme dont une vidéo scabreuse, tournée du temps de Ben Ali, a récemment été diffusée en ligne. S'inspirant de l'expérience des pays de l'Est, après la chute du mur de Berlin, M. Larayedh prône la création d'une institution chargée de gérer les archives tunisiennes et de les partager entre données personnelles, données touchant la sécurité de l'Etat et données pouvant tomber dans le domaine public.




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