Algérie

la menace terroriste



Zernadjia, bouquets de fleurs, gâteaux, danses folkloriques, l?abbé est reçu en grande pompe. Depuis Dellys, la délégation s?est déplacée à grande vitesse pour rejoindre le lotissement de Zemmouri. La route est ouverte par la police et dégagée par les militaires. Des chars kaki jalonnent la route, côté broussailles et falaises.

Des chalets foisonnent côté droit, côté mer. On semble s?y être établi pour de bon. Ces préfabriqués de l?urgence laissent paraître voilage et fleurs. Cap Djanet révèle ses vagues mousseuses et sa plage sinueuse. Le lotissement de Zemmouri qui offre 40 habitations à autant de familles fait face à la mer. Il est entouré d?un petit bois et de quelques villas. Un chapiteau est prévu pour permettre à l?abbé Pierre de recevoir des familles bénéficiaires. Les enfants sont apprêtés pour l?occasion et des jeunes s?amusent au rythme de la zorna. Entièrement finies, les habitations sont identiques à celles de Thouabet. Les femmes sont restées à l?intérieur déléguant aux hommes l?accueil des étrangers. Adossée à l?entrée d?une des maisonnettes, une femme observe la scène. Interrogée, elle avoue ne pas avoir le c?ur à pousser des youyous. « Nous faisons partie des bénéficiaires car mon fils a été victime du terrorisme l?année dernière. » « Victime du terrorisme ? Vous n?êtes pas victime du séisme ? » « Aussi. » « Mais on vous a attribué une maison parce que vous avez souffert du séisme ? Non ? » Certainement pour les deux raisons. Le séisme du 21 mai 2003 a détruit leur logement. La famille s?est retrouvée à vivre sous des tentes de fortune. Son fils, père de deux enfants, et son beau-frère étaient patriotes. 20 jours après le tremblement de terre, des terroristes sont venus les abattre. « Mon fils est mort sur mes genoux », confie-t-elle. Sa femme venait d?accoucher d?un troisième enfant quand deux jeunes sont venus l?assassiner. « Je les ai vus entrer dans l?enceinte et leur ai demandé ce qu?ils désiraient. Je ne pensais pas que c?étaient des terroristes. Ils m?ont bousculée et ont abattu mon fils d?une balle dans le ventre. Sur leur chemin, ils ont fait de même à mon beau-frère. Ils étaient convenablement habillés et l?un d?eux portait un gilet pare-balles, ce qui m?a trompé sur leurs intentions », continue- t-elle. « C?est faux de croire que le terrorisme est fini. Nous composons toujours avec. L?été dernier, deux gendarmes ont été abattus. Il y a vingt jours, c?était le tour du lieutenant de gendarmerie », soutient-elle. Ces logements offerts par la Fondation abbé Pierre et la Fondation de France font le bonheur des sinistrés. Mais un bonheur qui présente une ombre tenace. Parce qu?ils n?ont nulle part où aller, les habitants acceptent mais se demandent si l?endroit est sécurisé. Un bonheur ébréché.




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