Algérie

La mémoire et l'exemple



La mémoire et l'exemple
De très nombreux terroristes ont quitté les maquis en familleLe fait que dix années de descente aux enfers n'aient pu venir à bout, en fin de compte, de la résistance du peuple algérien et de ses institutions républicaines, a convaincu les pays aujourd'hui confrontés à des crises, d'emprunter le même parcours.
L'expérience de l'Algérie, pour aussi aventureuse qu'elle ait pu apparaître à ses débuts, a fini par entraîner l'adhésion de plusieurs pays du continent au cours des deux décennies écoulées. Patiemment, l'Algérie a progressé dans la longue marche de la paix et de la réconciliation, en passant par la rahma et la concorde civile, toutes jonchées d'immenses douleurs et d'indicibles tragédies qui ont rendu si douloureux le travail de deuil auquel fut confronté le peuple dans son ensemble. La tragédie a été telle, en effet, que le temps nécessaire à la guérison d'un traumatisme épouvantable aura été égal, la génération qui a vécu dans sa chair la décennie cauchemardesque, durant laquelle les limites de la barbarie furent repoussées au-delà de l'extrême, ayant transcendé l'horreur sans réellement l'oublier. A cela, une raison bien simple, déjà éprouvée sous d'autres cieux, comme en Afrique du Sud, en Argentine, au Chili ou dans la région des Grands Lacs. La vindicte ne disparaît pas en un simple tour de passe-passe entre le clan irréductible des éradicateurs et celui des partisans de la rupture car il faut bien davantage pour fermer les portes de l'arène fratricide.
La Charte de la Réconciliation, massivement adoptée par le peuple algérien, aura servi de modèle et de source d'inspiration à bon nombre de pays, notamment en Afrique, à charge pour eux de broder leur variante singulière en fonction des paramètres propres à leur situation et à leurs populations. Unique en son genre car il ne s'agissait pas d'effacer symboliquement les gouffres ethniques, socio-économiques ou culturels qui ont conduit aux exactions comme en Afrique du Sud, mais bien de balayer les scories d'un aventurisme pseudo religieux dont le but était de saper jusqu'aux fondements de la nation algérienne, l'expérience de la Charte portant Réconciliation nationale aura déteint sur des pays aussi différents que le Libéria (2005), le Kenya (2008), le Togo (2009), la Côte d'Ivoire (2011), le Sri Lanka et Madagascar (2012), le Mali (2013), et peut-être la Guinée, le Burundi, le Gabon, la République centrafricaine sans oublier la Tunisie et la Libye.
Tous ces pays ont, bien sûr, leur méthode propre dont les arcanes obéissent néanmoins à cette patiente recherche d'une transition apaisée. La recherche d'un équilibre entre les impératifs de la paix et ceux d'une justice authentique n'étant pas aisée à conduire, chacun d'entre eux se doit de travailler de façon pragmatique pour échapper à l'escalade de la violence et à la vendetta collective. Ce qui suppose une volonté d'assainir les moeurs et les institutions, gangrenées par des maux sociaux tels que la corruption, le népotisme, le clanisme, le régionalisme, etc. Acte de thérapie nationale, le dialogue inclusif et la Réconciliation sont facteurs d'espoir et de raison, à condition que la soif des peuples en quête de justice sociale et de vérité soit réellement étanchée.
Le fait que l'Etat algérien n'a pas succombé à la bourrasque intégriste et qu'il a finalement réussi, grâce au sacrifice de l'ANP, à libérer le pays du carcan de la peur et des larmes aura contribué à impulser cette dynamique dont l'efficacité contre l'aventurisme et le terrorisme permet, depuis, de pratiquer une diplomatie du dialogue et de la réconciliation, saluée par toute la communauté internationale.
Le fait que dix années de descente aux enfers n'aient pu venir à bout de la résistance du peuple algérien et de ses institutions, ont convaincu les pays aujourd'hui confrontés à des crises, d'emprunter le même parcours, tirant profit d'une expérience sans égale puisque le combat de notre pays a été mené dans la plus haute des solitudes et, pourquoi le cacher, une franche hostilité, au point que des capitales occidentales n'hésitaient pas à verser de l'huile sur le feu pour que l'Algérie s'effondre.
Le fait que le peuple, fort de sa douloureuse expérience, n'est pas près de s'en laisser conter, comme l'ont prouvé sa méfiance et sa solidité au moment du prétendu Printemps arabe, agit comme un puissant ressort chez les peuples africains en crise qui aspirent à une «solution à l'algérienne». Si tel n'est pas encore le cas, eu égard aux apprentis sorciers qui sont toujours là pour saper les efforts, nul doute que le temps viendra, tôt ou tard, où les plus acharnés devront s'incliner devant cette aspiration profonde à la paix et à la stabilité dont l'Algérie est devenue, contre vents et marées, un porte-flambeau.


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