Le site, qui appartenait au service des chaussées, a été réquisitionné par l'armée française à partir de 1956.A quelques encablures du centre de la ville de Zighoud Youcef, se dresse une bâtisse aux murs défraîchis, d'une couleur ocre pale, avec une grande cour clôturée d'un mur de pierres. Le site, situé au milieu des habitations, est très bien connu par les anciens habitants de l'ex-Condé Smendou, la commune qui porte aujourd'hui le nom de l'un de ses enfants, l'ancien chef de la wilaya II. Le lieu que nous avons visité hier à l'occasion de la commémoration du 58ème anniversaire du martyr Zighoud Youcef, était un centre de torture appelé durant l'époque coloniale «office des renseignements» et qui était sous le commandement du deuxième bureau des services de l'armée française. Il a vu le passage de centaines d'Algériens, dont certains, encore vivants se remémorent.Parmi ces anciens pensionnaires de ce centre, Ahmed Zair, dit Hannachi, âgé de 79 ans, apporte son témoignage : « Avant qu'il soit un lieu de torture, le site appartenait au service des chaussées. C'est à partir de l'année 1956 que l'armée française a décidé de réquisitionner cette bâtisse pour s'en servir». Le centre est composé essentiellement d'un bureau pour les enquêtes et les interrogatoires, et un caveau très exigu dans lequel on jetait les détenus torturés durant des jours, avant de décider de leur sort. Ils seront, soit transférés vers d'autres lieux, ou carrément exécutés.Ahmed Zair se souvient encore des moments horribles qu'il a vécus dans ce centre, alors qu'il n'avait que 20 ans. Son père est mort sous la torture dans ce même site. «Des familles entières sont passées par là. On ramenait tous ceux dont on soupçonne qu'ils ont des liens avec les moudjahidine ou le FLN. Les soldats français étaient sans pitié. Ils ont torturé des hommes et des femmes. On faisait sortir les morts à la pelle. On voyait la mort tous les jours. Dans le caveau où on nous entassait par dizaines, on entendait le bruit des Jeeps transportant les prisonniers pour être exécutés ailleurs», dira-t-il.Des hommes qui ont survécu aux supplices de l'eau et de l'électricité sont peu nombreux. La plupart ne sont plus de ce monde. Parmi les rares survivants, ammi Ahmed citera les noms de Delimi Didouche, Halessi Sebti, Brahim Jebouri, Ahmed Atoui et Mohamed Hidousssi. «Après leur séjour au centre, ces hommes m'ont accompagné dans mon exil», poursuit-il. Aujourd'hui, l'ancien centre de torture de Zighoud Youcef est l'un des principaux mémorials de la ville qui a enfanté de nombreux héros durant la révolution. Il a été réhabilité en 2002. Il est géré par le ministère des Moudjahidine.
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Posté Le : 24/09/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : O S Merrouche
Source : www.elwatan.com