Algérie

«La même feuille de route continue»


Non, à  en croire un entretien accordé par Daho Ould Kablia, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, au site d'information Algérie-Plus.com, «le seul sport qui les intéresse, c'est la rapine, le vol». Dans cette interview fleuve, publiée dans la soirée de dimanche dernier, le ministre n'y va pas de main morte avec les citoyens, tout particulièrement les plus jeunes : «Ils sont extrêmement nihilistes et pessimistes», dit-il sur les Algériens nés dans les années 1990. Ces derniers, ayant grandi en plein terrorisme, ont tendance à  reproduire, «justement», ce contexte violent. «Nous savons qu'il y a une génération tout à  fait différente de celles qui l'ont précédé, avec les mêmes conditions de mal vie et les mêmes problèmes qu'ils considèrent comme insolubles pour leur avenir, mais avec la différence qu'il y a chez eux une dose de violence plus importante», explique M. Ould Kablia. Cette génération aime, poursuit le ministre, «toutes choses qu'ils ne sont pas en mesure d'acquérir autrement que par le vol, par la contrebande, le trafic de drogue. Ils ne trouvent pas de dérivatif dans la musique, le sport, les voyages. Leur univers, c'est la rue de leur quartier». Pourtant, l'Etat, dans sa bienveillance, a investi pour cette jeunesse en construisant «stades et piscines». Toutefois, le ministre ne met pas tout le monde dans le même sac. Enfin, presque. L'Algérien, selon lui, «n'aime pas le manuel» et, en sus, est «râleur et surpolitisé», ce qui fait partie «des travers de la colonisation». Mais beaucoup plus soupe au lait qu'autre chose, puisque, affirme-t-il, «le peuple algérien est un fleuve tranquille qui peut connaître des frémissements, mais il revient à  son lit». Et M. Ould Kablia est on ne peut plus confiant quant à  la docilité de ses concitoyens : «La tentative de récupération a échoué. Ceux qui disent qu'il va falloir encadrer ce mouvement et le canaliser se trompent lourdement», analyse-t-il. Alors, si le ministre affirme que ce sont les partis d'opposition qui «soufflent le chaud» et sont derrière ces émeutes, il estime aussi que «leur impact sur la société est très faible». «Tous se ressemblent, tous chantent la même antienne et n'ont pas de doctrine politique déterminée.» Sauf, l'on s'en doute, les trois partis de l'Alliance présidentielle. D'autant plus que l'ensemble des problèmes de l'Algérie ne sauraient àªtre réglés «en jouant sur des paramètres de démocratie et de liberté», insiste le ministre, ajoutant que «c'est une affaire de moyens financiers et de mode d'organisation». Et puis, de toute manière, «il n'y a pas d'action à  inventer. C'est le programme du président qui a été adopté», confie-t-il un peu plus loin.
D'ailleurs, à  la question de savoir si le président de la République ou le Premier ministre auraient dû s'exprimer et parler au peuple à  la suite de ces émeutes, M. Ould Kablia assure qu'ils l'ont fait, mais indirectement. «Le président de la République donne des orientations et des instructions au ministre de l'Intérieur pour les problèmes sécuritaires. Il donne des instructions au ministre du Commerce pour ce qui est de son secteur», explique-t-il. Alors, oui, «la même feuille de route continue»…
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