La délégation algérienne est représentée sur le plan politique par le ministre des Affaires étrangères. Cette présente contribution est mon intervention en tant que chef de fil de l'Algérie, en espérant des résultats concrets au profit des deux rives de la Méditerranée.La délégation algérienne se réjouis de ce lieu à Marseille, brassage de différentes cultures et de cette rencontre finale où en quelques mois nous avons réalisé un important travail montrant la vitalité de la société civile de la méditerranée occidentale. Cela n'était pas évident départ. D'avril à juin 2019, la société civile de la Méditerranée occidentale des deux rives, ont travaillé ensemble pour faire émerger des solutions concrètes pour la région «par la mise en ?uvre de projets concrets en faveur du développement humain, économique et durable.
Nous espérons que l'ensemble de ces réflexions et propositions d'initiatives seront partagés aujourd'hui avec les dirigeants lors du ce présent sommet à Marseille pour déterminer celles qui seront mises en ?uvre de façon prioritaire, les moyens et les mécanismes à mettre en ?uvre pour tisser des liens forts dans tous les domaines autour de la Méditerranée afin de dynamiser la coopération, reposant sur la conviction que la société civile doit être pleinement associée à la définition d'un nouvel agenda «positif». Je rappelle que récemment avec des experts de renom Algériens, Marocains, Tunisiens, Mauritaniens, Libyens et 15 personnalités européennes courant 2015/2016 nous avons produit sous ma direction et celle de mon ami Camille Sari deux ouvrages (1050 pages), l'un sur les institutions politiques, l'autre économique dans toutes sa diversité intitulé «le Maghreb face aux enjeux géostratégiques parues aux Editions Harmattan, faisant suite à mes contributions sur ce sujet au niveau de l'Institut Français des Relations Internationales entre 2011/2013 sur les relations Europe Maghreb.
Les idées ne sont pas nouvelles mais hélas n'ont pas été concrétisées. Je rappelle que lors d'une rencontre presque similaire au siège de l'Unesco en 1993 à l'initiative de Pierre Moussa avec la présence et de Mr Thom Bekki alors vice président de l'Afrique du Sud sur le thème ?Afrique-Maghreb dans le cadre de la stratégie euro-méditerranéennes, j'avais préconisé lors de mon intervention à la fois la création d'une université euro-méditerranéenne lieu de fécondation des cultures et de combat contre l'intolérance, la création d'une banque et bourse euro-méditerranéenne avec des instruments financiers adaptés à la situation pour la réalisation de projets concrets en favorisant des réseaux décentralisés des acteurs économiques, sociaux et culturels, associant les institutions financières internationales et les banques classiques. Je réitère ces propositions pour ce sommet des 5+5 en plus de la création d'un conseil économique et social au niveau de la Méditerranée occidentale (5+5) dont la vocation est de regrouper les différents segments de la société civile, expérience si elle réussit pourrait être étendue à une société civile mondiale regroupant les différentes régions de notre planète afin de lutter contre l'insécurité, l'immigration et donc favoriser un espace équilibrée et solidaire mondial.
C'est dans ce cadre que je tiens à saluer l'initiative de son Excellence le président de la République française, Monsieur Emmanuel Macron à laquelle l'Algérie dès le départ a apporté son soutien. Cette initiative rentre, me semble t-il, dans le cadre de la nouvelle transformation du monde, des défis écologiques, de la percée du digital et de l'intelligence artificielle devant assister entre 2025/2030/2040 à une quatrième révolution économique mondiale basée sur le savoir, qui influencera toutes les relations internationales, en rappelant les conclusions de la COP 21 et la COP 22, qui interpelle toute l'humanité pour un devenir solidair.
Le XXIème siècle aura trois acteurs stratégiques tissant des liens dialectiques : les Etats qui doivent s'adapter à la mondialisation (l'Etat hégélien bureaucratique centralisé étant dépassé), les institutions internationales qui doivent être rénovées avec l'entrée massive des pays émergents dont la Chine, et la société civile qui jouera un rôle de plus en plus prépondérant, non antinomiques avec les deux autres acteurs mais complémentaires. Le souhait commun est que cette importante rencontre, puisse faire du bassin méditerranéen un lac de paix, de tolérance et de prospérité partagé se fondant sur un partenariat gagnant/gagnant loin de tout esprit de domination, grâce à la tolérance et au dialogue des cultures dont je suis profondément attachées.
Mesdames et Messieurs
L'Algérie, constitue un acteur stratégique en Méditerranée et en Afrique puisque elle a joué un rôle important lors des différentes réunions de la préparation de la réunion des 5+5 où elle a proposé des projets concrets ayant un impact régional, privilégiant les intérêts économiques et la stabilité de la région, tenant compte de la transformation du monde. L'Algérie qui a eu le dossier de la transition énergétique a proposé des projets issus de la société civile, où les travaux du Forum à Alger se sont organisés sous forme de quatre sessions thématiques, à savoir : les énergies renouvelables et efficacité énergétique ; les interconnections électriques ; le Gaz naturel comme moteur d'une transition énergétique et la transformation digitale du secteur de l'énergie. C'est que l'énergie sera au c?ur de la souveraineté des États et de leurs politiques de sécurité et leurs dynamiques économiques modifient les rapports de force à l'échelle mondiale et affectent également les recompositions politiques à l'intérieur des États comme à l'échelle des espaces régionaux.
La transition énergétique renvoie à d'autres sujets que techniques, posant la problématique sociétale, pouvant être définie comme le passage d'une civilisation humaine construite sur une énergie essentiellement fossile, polluante, abondante, et peu chère, à une civilisation où l'énergie est renouvelable, rare, chère, et moins polluante ayant pour objectif le remplacement à terme des énergies de stock (pétrole, charbon, gaz, uranium) par les énergies de flux (éolien, solaire). Cela pose la problématique d'un nouveau modèle de croissance et de consommation : tous les secteurs économiques, et de tous les ménages sont concernés. Les importantes potentialités de toutes formes d'énergie en Méditerranée celles du vent ou du soleil, ou des énergies fossiles présentes dans son sous-sol peut faire de cette zone des contacts entre civilisations millénaires, soumise depuis toujours à des tensions politiques fortes, une nouvelle région énergétique du monde, aux portes de l'Europe, de l'Afrique et du Moyen-Orient.
Carrefour de trois continents, fragile sur le plan environnemental, le bassin méditerranéen est aussi une région source d'énergies, comme celles du vent ou du soleil, ou des énergies fossiles présentes dans son sous-sol. Le mix énergétique de demain sera à forte dominance électrique, puisque le marché de l'électricité devrait augmenter de près de 80% horizon 2040. Le solaire thermique pour l'exportation, combiné au photovoltaïque pour les besoins de consommation internes devrait représenter la ressource la plus importante pour la génération électrique. L'hybridation avec le gaz devrait lui permettre d'ores et déjà d'être compétitif.
Les autoroutes électriques en courant continu pour traverser la Méditerranée pourraient servir à satisfaire les besoins grandissants de la côte méditerranéenne de l'Europe et la supraconductivité achevée par un refroidissement à l'hydrogène liquide sera la solution à moyen terme pour satisfaire les besoins de l'Europe du Nord. Après les résultats mitigés des accords de Barcelone et l'Union pour la Méditerranée, espérons que ce sommet puissent aboutir à du concret au profit des populations de la région.
Je suis convaincu seule la culture de la tolérance permettra à notre espace, face aux défis nouveau de la mondialisation, de relever les défis du XXIe siècle face à une concurrence acerbe, dont la percée des pays émergents, la montée du terrorisme menace planétaire,la montée du protectionnisme nuisible à la croissance de l'économie mondiale, existant un lien dialectique entre sécurité et développent, aux dangers du populisme et comme le rappelait le feu président Charles de Gaulle, le danger du nationalisme chauviniste à ne pas confondre avec la patriotisme, car chacun de nous aime son pays.
Pour terminer, le co-développement en Méditerranée via le continent Afrique enjeu du XXIème siècle pourra, comme je l'ai souligné récemment dans deux interviews à Africa presse France et à l'American Herald Tribune USA, freiner l'immigration, assurer la sécurité et éviter toute déstabilisation qui aurait des répercussions géostratégiques sur toute la région méditerranéenne et africaine. Je vous remercie de votre aimable attention et au nom de la délégation algérienne, soyez persuadé que mn pays l'Algérie, acteur stratégique au niveau de la région contribuera à la réussite, sur la base d'un partenariat gagnant/gagnant, de cette énorme entreprise qui interpelle notre conscience méditerranéenne.
Professeur Abderrahmane Mebtoul, expert international
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Posté Le : 25/06/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abderrahmane Mebtoul
Source : www.lnr-dz.com