Algérie

La Méditerranée au secours de l'Europe


La Méditerranée est l'avenir de l'Europe. Et réciproquement, l'avenir des pays de la rive sud et est de la Méditerranée, c'est un ancrage à l'Europe. Cette espérance a été clairement exprimée et unanimement partagée, lors du sommet des chefs d'Etat de Paris sur la Méditerranée le 13 juillet dernier. A n'en point douter, les 480 millions d'Européens associés aux 480 millions d'Arabes, de Turcs et d'Israéliens constituent la masse critique pour peser face à la Chine au continent américain. Sans cette alliance de l'Union européenne et des pays de la Méditerranée ; sans cette organisation nouvelle dénommée « Union pour la Méditerranée », le déclin européen et l'émiettement des pays méditerranéens sont assurés. Le 13 juillet, les chefs d'Etat ont accrédité cette thèse. Ils ont exprimé à la fois leur fierté de construire cet avenir commun, mais aussi leurs appréhensions face au réchauffement climatique, l'après-pétrole et la montée des intégrismes. Pourtant, depuis le mois de juillet, l'histoire s'accélère et les priorités semblent se déplacer. L'épisode récent de la Géorgie et les fortes tensions internationales qu'il a générées, est venu rappeler aux Européens le fossé civilisationnel qui les sépare de la Russie. Aujourd'hui, les crises financière et économique se profilent dans tous les pays occidentaux, engendrant peur, fermeture et repli sur soi. Le projet d'Union pour la Méditerranéen (UPM) doit-il être pour autant mis sous le boisseau ' Le rapprochement des deux rives de la Méditerranée, parcequ'il est historique et à long terme, est plus que jamais d'actualité et peut contribuer à apporter des solutions concrètes aux crises auxquelles le monde occidental, et l'Europe en particulier, sont aujourd'hui confrontés.Trois défis doivent aujourd'hui être relevésRésorber la crise financière. Les banques occidentales sont tétanisées par la masse des crédits consentis et souvent de mauvaise qualité. L'argent fait défaut en Occident. Or, nombreux sont les pays arabes qui, aujourd'hui, regorgent de ressources. Après avoir investi massivement dans l'immobilier de luxe et souvent spéculatif ou le tourisme, ces pays veulent et peuvent contribuer à sortir l'Europe de sa crise financière. « Les Arabes au secours des Européens et de leur économie », voilà qui serait un juste rebond de l'histoire. La solidarité peut s'exercer ; encore faudrait-il que l'Union européenne et son président le leur proposent. L'arrivée massive des liquidités arabes dans les économies européennes peut redonner confiance à l'abondance de l'épargne oisive des Européens, qui n'ont jamais autant épargné.Retrouver le chemin de la croissance économiqueII est évident que les marchés porteurs sont au Sud, que les réservoirs de croissance sont au Sud, que les sources énergétiques de long terme sont au Sud. Pour toutes ces raisons, le renforcement économique de l'Union pour la Méditerranée offre des perspectives de plusieurs décennies de croissance soutenue. Mais une condition s'impose : que les Européens cessent de considérer les pays de la rive sud comme des marchés de consommation, des lieux d'extraction de matières premières, ou de délocalisation des industries à faible valeur ajoutée (textile, chaussures...) II est temps de se réapproprier la théorie des « oies sauvages », qui a permis au Japon, d'une façon volontaire, de créer les dragons et les tigres dans son Sud. II est temps de créer sur la rive sud de la Méditerranéen des pôles de compétitivité dans les domaines des nouvelles technologies, de l'agroalimentaire, de la pharmacie, pour y faire revenir les élites qui ont émigré. II est temps de promouvoir au sud des champions et d'adopter les modèles de développement à l'indienne. Il est temps de se projeter, à une échelle de temps de dix ou quinze ans, dans un espace qui ne serait plus le sud ou le nord de la Méditerranée, mais qui serait un seul espace intégré, dont les politiques communes iraient jusqu'au Sud du Maroc, de la Tunisie, de l'Algérie, de la Libye et de l'Egypte.Réorienter les politiques européennesPendant trente ans, l'Union Européenne s'est construite à partir de la politique régionale et du marché commun, de la monnaie unique, de la politique agricole commune. La crise institutionnelle actuelle ne peut plus se contenter de « replâtrage ». Les pays les plus fédéralistes doivent progresser à travers des coopérations renforcées. Deux politiques nouvelles s'imposent pour ceux des Européens qui veulent progresser et construire l'avenir : la politique de la recherche et de l'innovation, d'une part, et, d'autre part, la politique méditerranéenne. Les premières esquisses du budget européen 2013-2020 laissent entrevoir des solutions : en maintenant à 12% du BIP les prélèvements européens, le budget 2013-2020 serait de 1000 milliards d'euros. Avec la réduction financière de la politique agricole commune et de la politique régionale, 140 milliards pourraient être économisés : 70 milliards pourraient être dédiés à la recherche et à l'innovation et 70 milliards pourraient être consacrés à la Méditerranée, soit 10 milliards par an pendant 7 ans. Cette perspective historique serait la réponse des Européens à l'aide conjoncturelle des pays arabes pour sortir l'Europe de la crise financière actuelle. Cette crise financière accélère la création d'un monde multipolaire. A l'évidence, l'Union pour la Méditerranée, qui associe l'ensemble des pays européens et la plupart des pays arabes, constitue le premier jalon d'une recomposition nécessaire qu'il faut accélérer. Dans une perspective solidaire, les pays arabes pourraient aujourd'hui aider les Européens à sortir de la crise financière et économique. Réciproquement, l'Europe pourrait contribuer à engager l'ensemble de la région sur la voie de la paix et du développement durable. Tel est le formidable enjeu d'un rapprochement solidaire et, à long terme entre, les deux rives de la Méditerranée.
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