Algérie - A la une


La marée noire
L'effondrement des prix des hydrocarbures et ses répercussions sur les équilibres financiers du pays vont éclipser, dans les jours et semaines à venir, les débats politiques et institutionnels sur la transition et les réformes engagées à travers différents canaux officiels et partisans. L'insécurité à nos frontières, qui est une réalité tangible aisément vérifiable avec les foyers de tension qui encerclent l'Algérie, a été et sera encore longtemps convoquée par le pouvoir pour tenter de gagner du temps et différer les changements démocratiques dictés par les exigences de bonne gouvernance à laquelle est confronté, aujourd'hui plus que jamais, le pays.Durant la décennie noire, le même épouvantail, bien réel celui-là aussi ? le terrorisme islamiste ? avait été agité par le pouvoir pour perpétuer le système. La preuve, non seulement le régime est toujours en place en dépit de tout ? la contestation sociale de plus en plus grandissante, une opposition de plus en plus radicale sur la revendication de l'alternance au pouvoir ? mais, bien plus, fort de sa légitimité contestée par l'opposition, il n'entend rien concéder à cette dernière.Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, ne croyait certainement pas un seul instant lorsqu'il déclarait, avec son style langagier propre, que la baisse des prix du pétrole était une bénédiction de Dieu pour nous remettre en question. Le changement, que la classe politique peine à imposer face à un système qui se bunkérise et se ferme comme une huître à mesure que se s'élèvent les voix demandant son départ, viendra-t-il de l'effet boomerang du rétrécissement de nos recettes pétrolières 'Comment le citoyen pourra-t-il se retrouver dans ce long et interminable tunnel dans lequel est engouffré le pays ' Avec ce chassé-croisé d'initiatives émanant du pouvoir et de ses alliés dans la classe politique, de l'opposition, auxquels s'ajoute une troisième voie qui se présente comme la force tranquille incarnée par la démarche du Front des forces socialistes (FFS) plaidant pour la tenue d'une conférence du «consensus national» incluant la participation du pouvoir.Alors que les uns ? regroupés dans la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD) ? réclament un changement dans les plus brefs délais qui passe par une élection présidentielle anticipée dictée par la vacance de fait du pouvoir liée à la maladie de Bouteflika, d'autres forces politiques, représentées par les partis du pouvoir (RND, FLN, TAJ?) nagent entre deux eaux. Dans l'eau bénite du pouvoir, s'autoproclamant porte-parole et défenseurs (zélés) du pouvoir et apportant un soutien sans condition à Bouteflika. Mais en ayant un ?il rivé sur les conciliabules du FFS, sur lesquels ces partis n'ont jusqu'ici que des déclarations bienveillantes.Lorsque le parti de Hocine Aït Ahmed affirme que le FFS n'est pas pressé par le changement, comme l'a fait ce week-end à Boumerdès M. Laskri, précisant que l'initiative politique du parti va «au-delà des mandats institutionnels», il se positionne sur la même ligne politique et la même vision des réformes que les partis du pouvoir qui militent pour le maintien des institutions en place et des réformes chloroformées que l'on cherche à mettre en ?uvre. Une certitude : avec la crise financière qui pointe à l'horizon, il sera difficile pour le pouvoir de maintenir le statu quo politique actuel sans en payer le prix fort.




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