Algérie

La marda



La marda
Contrainte n Pour faire face à toutes ces fêtes pour lesquelles elles sont obligées de faire acte de présence, certaines mères de famille en sont réduites à tenir à jour une véritable comptabilité...
Il s'agit le plus souvent d'un registre ou sont consignés tous les cadeaux qu'elles ont reçus avec autant que possible leur coût approximatif d'achat et le type de fête qui les a occasionnés. Sans vouloir singulariser une région ou une ville par rapport à une autre, il nous semble que la ville d'Oran a poussé la chose jusqu'a son extrême limite, à la caricature presque.Un exemple entre autres.
Lorsqu'une famille célèbre un mariage par exemple, une invitée que nous appellerons (x) se présente alors au domicile, pousse la porte les bras chargés de baklawas et signale son arrivée par deux stridents youyous.
La famille (y) note immédiatement le nom de la convive, la variété de gâteaux offerts et, tenez-vous bien, le nombre de youyous poussés en franchissant la porte... Le jour où, à son tour, madame (x) mariera un de ses enfants, le garçon ou la fille, peu importe, la maîtresse maison de la famille (y), devenue alors convive, doit pousser la porte de madame (x) les bras chargés de baklawas et, tenez-vous bien encore, pousser deux youyous, pas un de plus. C'est ce que les Oranaises appellent la marda, un système bizarre du genre : «Tu me prêtes, je te rends». Il n'y a plus d'amitiés à ce niveau, nous n'en voyons pas la trace. Il n'y a que des ardoises à honorer de part et d'autre. Et pour être tout à fait dans le vrai, il n'y a presque plus de sentiment dans ce type de relations. Les choses se passent de manière quasiment arithmétique. Vous ne le croirez pas, mais les mêmes calculs sont tenus lorsqu'il s'agit d'un décès.
Reprenons l'exemple de la famille (y) et de madame (x). Si un membre de la famille (y) décède, madame (x), qui est une amie de longue date, arrive au domicile mortuaire en poussant des cris.
Leur nombre est facultatif et laissé à l'entière discrétion de la convive. Si un membre de la famille de madame (x) meurt, un membre de la famille (y), en général la plus âgée, pousse la porte en même temps que des cris.
Le prêt est ainsi rendu. En revanche si madame (z), qui est une amie encore plus proche que madame (x), franchit le domicile mortuaire en poussant des cris et en s'arrachant les cheveux, elle sera à peu près sûre qu'en cas de décès dans sa famille, un membre de la famille y poussera des cris et s'arrachera les cheveux à son tour...
I. Z.


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