Algérie

La marche de tous les dangers



La marche de tous les dangers
Mohamed RahmaniAppel à une marche vers le siège de la wilaya, M. Kechichi Daoud le charismatique porte-parole des travailleurs du nouveau syndicat autonome (non encore agréé) a appelé avant-hier les travailleurs adhérents à son mouvement(5 300) à une marche qui les mènera du complexe sidérurgique au siège de la wilaya distant d'une dizaine de kilomètres ce dimanche 22 décembre. Il compte ainsi protester contre la non-délivrance du récépissé de dépôt du dossier d'agrément de son syndicat, exiger le licenciement des retraités recrutés récemment et la libération du plan d'investissement qui, à ce jour, n'a pas encore été mis en place.Sur la réunion de son staff avec le chef de l'exécutif tenue mardi dernier dans la perspective d'une solution à la crise qui secoue le complexe, M. Kechichi nous a déclaré que le wali d'Annaba a été informé de la situation réelle qui prévaut au niveau de l'usine et qu'il est en train d'étudier la question pour trouver une issue à la crise.Les origines du conflitLe conflit à l'origine de tous ces mouvements qui ont secoué le complexe où grèves, sit-in et marches ont été organisés oppose le syndicat Ugta duquel a été évincé M. Kechichi ex-secrétaire général de ce même syndicat pour être remplacé au pied levé par un autre syndicaliste. L'ex-secrétaire général, ayant refusé cette éviction qualifiée d'illégale parce que ne respectant pas le règlement intérieur et les statuts de la Centrale syndicale, avait mobilisé les travailleurs contre cette décision et a réussi à convaincre 5 300 travailleurs sur les 6 000 que compte l'usine à se retirer collectivement du syndicat pour en constituer un autre, autonome celui-là et se consacrant exclusivement à la défense des travailleurs et leurs droits. Cette démission collective de l'Ugta n'a pas pour autant découragé les structures locales de la Centrale syndicale qui vient de nommer M. Bourai Abdelmadjid à la tête du syndicat d'entrepriseArcelorMittal Annaba (Ugta).Les politiciens s'en mêlentA la question pourquoi, il avait accepté ce poste alors que la crise est à son comble et que cette nomination peut précipiter les choses et aboutir à une situation autrement plus grave, ce dernier nous a répondu qu'en tant que syndicaliste de l'Ugta, il ne pouvait pas refuser : «Personnellement, je n'ai rien contre M. Kechichi, ni le nouveau syndicat, je suis là parce que l'Ugta a fait appel à moi.» Par ailleurs, nous avons appris lors de notre déplacement au complexe sidérurgique que l'Ugta, par l'entremise d'un intermédiaire avait contacté le porte-parole des travailleurs du nouveau syndicat autonome pour lui proposer des élections en vue du renouvellement du syndicat, que les candidatures sont ouvertes à tous et qu'il peut même nommer 2 membres de la commission électorale pour superviser ces élections.Mme Louisa Hanoune, chef du Parti des travailleurs qui avait par le passé noyauté le syndicat ArcelorMittal et qui a toujours ses hommes à elle au sein ducomplexe, a pesé de tout son poids pour obtenir l'accord de M. Kechichi quant à la nomination des 2 membres en question. Un revirement de dernière minute a tout fait basculer et l'espoir de renouer avec la stabilité s'est évanoui. Dans l'autre camp, on rapporte que le FND est impliqué dans ce conflit et que l'inénarrable député Baha Eddine Tliba serait partie prenante dans cette affaire en soutenant l'Ugta et les structures locales conduites par MM. Hémarnia Tayeb et Menadi Aïssa, respectivement SG de l'Union de wilaya et de l'Union locale. Ces derniers ne lâchent pas prise et comptent coûte que coûte arracher le syndicat des mains du porte-parole des travailleurs. Cette récupération politique du conflit par les uns et les autres n'augure rien de bon et l'appel à la marche de dimanche en est l'expression.Une marche de tous les dangers dans la mesure où celle-ci n'est pas autorisée et qui peut provoquer des troubles tout le long de l'itinéraire fixé, tant il est vrai que certains n'attendent que ce type d'événement pour semer des troubles qui n'arrangent en rien la situation générale de la région d'Annaba.M. R.




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