La marchandise humaine

La marchandise ' «Ouais ! Ce sont les passagers qui sont avec nous», nous répond Khemiès avec un sourire en coin. Dans le feu de la discussion, nous sommes interrompus par Abdoulaye assis à côté de moi et portant sur ses genoux une petite caisse en formica. Avec sa tenue vestimentaire, il ressemble à un pauvre hère, squelettique, de larges cernes lui donnent deux fois son âge. «J'ai envie de manger un peu, j'ai faim», me dit-il, croyant peut-être que j'étais l'un des membres de «l'équipage». «Je t'ai déjà donné à manger à sept heures. Il ne faut pas croire que je suis ton cuisinier», lui lance le chauffeur du véhicule. Son compatriote Moussa, semble aussi avoir faim, et même avoir soif. Il est pauvrement mais proprement vêtu et nous remarquons que ses chaussures sont grossièrement rapiécées. Nous lui offrons ainsi qu'à son ami, un casse-croûte qu'il mange avec un appétit féroce et secoue les miettes de pain sur son pantalon en demandant à boire.
R. K.