Algérie

La maladie du pouvoir



n'est pas celle à laquelle on pense et qui fait ces dernières années la réputation de notre pays dans le monde. Il s'agit de l'attitude de se croire maître du passé et de l'avenir d'une nation et, subsidiairement, propriétaire de ses richesses, tout en cultivant une perpétuelle abstraction de la société.Cette maladie n'a pas seulement affecté d'une manière fatidique le personnel dirigeant issu de la guerre d'indépendance qu'ils ont conclue dans la confrontation et le fait accompli. Elle est en train de déteindre sur la majeure partie de la classe politique qui se présente déjà comme la détentrice d'une solution providentielle pour résoudre une crise multiforme, structurelle et systémique.
Il y a comme une jubilation à formuler des propositions de sortie de crise chez des acteurs politiques usés jusqu'à la corde, voulant créer de l'espoir dans le haut-le-c?ur généralisé qu'ils suscitent au sein de la population. Ils feignent d'ignorer que la crise n'est pas tant le manque d'argent dans les caisses de l'Etat, mais la subsistance de dirigeants capables d'organiser chaque quart de siècle une «conférence nationale» pour perpétuer le règne de la prédation et de l'incurie.
Cet incroyable enthousiasme à organiser d'énormes man?uvres pour maintenir le statu quo, de tout chambouler pour que rien ne bouge, s'affiche avec cynisme dans un pays profondément éprouvé par le deuil et la douleur des familles des jeunes harraga morts ou portés disparus, la détresse des organisations sociales et des citoyens en lutte pour les libertés, réprimés et persécutés.
L'avenir du pays est en train de s'organiser ou de se fomenter en déployant des efforts surhumains pour oublier le pays réel et exclure la société du débat national, parfois de l'espace public. Dans ce concert de fausses solutions à de vrais problèmes, on tente de vendre le projet de restructuration de l'ex-parti unique comme moteur du renouveau politique, en remettant en selle ses anciens secrétaires généraux que l'on croyait en fin de course et de carrière.
Tragique situation, où le pouvoir choisit de sortir les cadavres de ses placards pour, semble-t-il, construire l'avenir, à un moment où de nombreuses familles recueillent les corps de leurs enfants rejetés par la mer.
Chez une partie de l'opposition, les propositions sont tout aussi saugrenues et décalées. Comme celle du chef d'un parti islamiste qui veut exercer un pouvoir présidentiel en pleine période de transition. Des «réformes politiques et économiques» en suspendant les élections, assure-t-il, alors que l'opinion publique a une certitude que son seul objectif est de refonder l'institution éducative selon les termes de son propre programme partisan.
Ni les élections telles qu'elles se dessinent ni leur report ne peuvent constituer une solution certaine à la crise et à l'impasse actuelles. Pour guérir le pays de la maladie du pouvoir, il suffit de considérer et de se remémorer que l'Algérie est dotée d'une jeunesse fougueuse, bourrée de talent et de bravoure. La réconciliation ne se fait pas entre le pouvoir et une classe politique devenue son alter ego, mais entre les institutions et les citoyens. L'avenir appartient aux jeunes, le pays aussi.


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