Algérie

La maladie du pouvoir



La maladie du pouvoir
La maladie du pouvoir n'est pas celle à laquelle on pense (AVC et séquelles fonctionnelles), mais un syndrome répertorié par les spécialistes et dont les symptômes sont étrangement familiers à nos gouvernants : perte du sens des réalités, intolérance à la contradiction, actions à l'emporte-pièce, abus de pouvoir... Sur le plan clinique, la situation en Algérie est donc dramatique puisque le déficit physique s'ajoute à ce syndrome d'ordre mental qui, par ailleurs, peut atteindre les acteurs politiques les plus flamboyants et se manifester même dans certaines démocraties. Dans notre pays, la décrépitude à vue d'?il ou de caméra est aggravée par un système de gouvernance à mi-chemin entre l'oligarchie et la dictature.Dans le registre des «actions à l'emporte-pièce», on peut ranger ce nouveau round de consultations politiques prévues en plein mois de juin, se proposant ainsi de ravir la vedette à la Coupe du monde de football. Comme pour la dernière élection présidentielle et même les précédentes, il y a zéro suspense dans ce nouveau branle-bas des institutions où tout bouge pour que rien ne change. Si changement il y aura, il est déjà tracé et «consolidé», comme dirait le pouvoir.Nous sommes dans un système politique où les noms des futurs promus sont connus avant même la création de leur poste. Une éventuelle institution de la vice-présidence de la République, une option qui plane sur le sérail depuis les graves ennuis de santé à El Mouradia, ne sera que l'épilogue des âpres discussions entre clans rivaux à propos du récipiendaire de ce poste-clé. Tout le reste ne sera que bavardages entre personnages sans ancrage et sans identité politique.Pour donner plus de chances de «réussite» et d'adhésion politique à cet énième rafistolage de la Loi fondamentale, c'est Ouyahia qui a été chargé de conduire ce chantier de la révision constitutionnelle. Autant confier la lutte antiterroriste à Hassan Hattab, lui aussi en réserve de la République après en avoir détruit une bonne partie de ses forces. Mais nous n'allons pas rouvrir le dossier de la tragédie nationale, c'est interdit par la loi.Le pouvoir, par contre, peut continuer à l'instrumentaliser à des fins de réélection ou de renforcement de son règne périclitant. L'on a vu la promptitude de la réaction officielle après l'opération militaire à Tinzaouatine, où dix terroristes ont été éliminés, qualifiant d'«agression extérieure» l'incursion des groupes armés qui se considèrent, du reste, en opération dans le Maghreb islamique. On n'est pas loin du célèbre «hagrouna !» de Ben Bella, aux premières années de l'indépendance, un cri présidentiel qui avait le double effet de mobiliser la nation en direction des frontières ouest et de saper l'opposition interne naissante.En grand malade, l'ultime représentant du clan, venu précisément des frontières ouest, persiste dans le déni des réalités et s'enfonce dans le pouvoir personnel. Mais il paraît de plus en plus illusoire de laminer une opposition qui est portée non seulement par la majorité de la classe politique, mais également par toute une société désireuse de changement et d'émancipation.




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