Algérie

« La maîtrise du marché passe pas l'augmentation de l'offre »



La loi de finances complémentaire 2009 a décidé de donner une sorte de primeur à l'achat du logement par rapport aux autres dépenses jugées à risque, mais encore faudrait-il que le marché de l'immobilier dispose de capacités suffisantes pour répondre à toutes les demandes émises. Aujourd'hui, la situation est telle qu'hormis les nantis, il devient quasiment impossible pour un salarié de prétendre à l'acquisition d'un logement. Les salariés se rabattent malgré eux sur la location. Cette dernière, atteignant des seuils faramineux, pénalise les ménages qui se voient obligés de sacrifier des parts importantes de leurs revenus pour pouvoir avoir un toit. Les programmes de construction de logements proposés par l'Etat semblent ne pas suffire aux exigences. Alors qu'il est du droit de tout citoyen d'avoir son propre logement, ces programmes continuent d'être calculés sur la base d'une moyenne d'habitation de 5 à 7 personnes par appartement. L'offre privée est laissée quant à elle aux spéculateurs qui font grimper à leur guise le prix du mètre carré. « Le maintien du crédit au logement est une bonne chose, afin de permettre à toutes les personnes d'acquérir un logement », souligne Mme Mammeri, présidente de la Fédération nationale des agences immobilières, contactée hier par téléphone. Elle souligne toutefois qu'« il est impératif que l'offre en logements soit supérieure à la demande » si on veut que les prix soient revus à la baisse et deviennent compétitifs, il faudra inonder le marché par l'offre. Et là, il y a un autre problème qui se greffe : la cherté des matériaux de construction.Même l'Etat, qui est en train de construire, accuse des retards dus à l'insuffisance des matériaux de construction. « C'est toute une chaîne qu'il s'agit de mettre en place, de surveiller et de réguler », dit-elle. La même responsable indique que si on se contente de maintenir le crédit immobilier sans offrir des facilités d'accès au logement, cela ne servira pas à grand-chose. Mme Mammeri, qui prédit une baisse des coûts de la location avec l'encouragement du crédit immobilier, considère que « s'il y a une nouvelle offre de constructions et promotions immobilières et qu'on donne à tout citoyen algérien le droit d'accéder à un logement sans qu'on lui demande de grosses hypothèques ou un gros salaire, je pense que la demande en location sera moins importante qu'aujourd'hui et les prix vont connaître une baisse ». Elle relève au niveau de l'offre publique une lenteur dans l'octroi des logements, que ce soit la formule AADL (location-vente) ou LSP (logement social participatif).Cette dernière formule étant suspendue, dit-elle, « aux élections et est remise en cause à chaque changement des assemblées communales. Le demandeur de logement est condamné à chercher un bon promoteur qui ne l'arnaque pas ». Mme Mammeri condamne la passivité de l'Etat avec le problème des logements fermés et inoccupés. « L'Etat se doit d'intervenir en promulguant une loi interdisant la fermeture des appartements. Que tous les logements soient habités. Je ne comprends pas comment des milliers d'appartements restent fermés devant des milliers de demandeurs. A qui appartiennent-ils, pourquoi ne sont ils pas mis en location, ou en vente et attribués à des personnes qui en ont besoin ' », s'interroge-t-elle. Il faut attirer l'attention des pouvoirs publics pour ne pas tomber dans la crise des subprimes. « Il ne s'agit pas de prêter pour prêter et après mettre les gens à la rue. Il faut tirer les leçons ; au lieu d'octroyer un prêt pour un F4, il faut opter pour un F3 et garantir un remboursement de 400 000 à 500 000 DA au bout de trois ans », indique Mme Mammeri. Interrogée sur la spéculation, notre interlocutrice souligne que l'agent immobilier ne fait que suivre le marché : « Si un agent immobilier n'ose pas donner le prix de 13 millions de dinars pour un appartement qui en vaut 5, le propriétaire peut le vendre tout seul au prix de 13 millions. Donc la seule façon de maîtriser le marché, c'est d'augmenter l'offre ».


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