Algérie

La maison de la culture, la prison, la guillotine' ELLE A ABRITé LES PIRES TORTURES DE L'ARMéE COLONIALE à TIZI OUZOU



La maison de la culture, la prison, la guillotine'                                    ELLE A ABRITé LES PIRES TORTURES DE L'ARMéE COLONIALE à TIZI OUZOU
Photo : M. Boumati
Par Malik Boumati
La maison de la Culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou est un lieu où l'on vient danser, chanter, jouer de la musique, s'amuser, respirer, décompresser, passer des moments agréables. Ils sont des milliers, voire des dizaines de milliers à s'y rendre par an. Combien sont-ils à savoir que ce lieu d'amusement et de défoulement a été pendant de longues années un lieu d'enfermement, d'humiliations, d'exécutions et de tortures abjectes ' Que ce même lieu était une prison coloniale qui a abrité toutes sortes d'ignominie dont s'est rendue coupable la soldatesque coloniale, à l'encontre des Algériens, et ce, avant et pendant la guerre de Libération nationale. Une prison érigée au courant du XIXe siècle par l'Administration coloniale pour y infliger les pires tortures aux «indigènes» et, plus tard, aux membres de l'Armée de libération nationale.Ce n'est pas par hasard que l'Administration coloniale a pris toutes les archives de cette institution de 1954 et 1962, laissant à l'Algérie indépendante que quelques dossiers antérieurs au déclenchement de la guerre de Libération nationale, concernant des condamnations pour vol et autres délits de droit commun. Il ne fallait laisser aucune trace de toutes les exactions, entre torture et exécution, commises à l'encontre des habitants qui ont fait le choix de prendre partie pour l'indépendance de l'Algérie. Ils ne laisseront que des archives des années 1940 où les chefs d'inculpation se limitaient aux vols (poules, grains'), signe de la misère que subissaient les autochtones à cette époque. Des prisonniers qui constituaient en réalité une main-d''uvre gratuite pour les colons qui avaient spolié les habitants de leurs terres fertiles. Et même si l'armée coloniale a confisqué les archives de cette prison coloniale, les autorités de l'Algérie indépendante auraient pu en faire un haut lieu de mémoire pour raconter «les bienfaits de la colonisation française».Malheureusement, cela n'a pas été le cas. Ayant continué à fonctionner comme une prison après 1962, la prison coloniale de Tizi Ouzou a été démolie dans les années 1970, effaçant toute trace de ce lieu de mémoire duquel il ne reste que trois portes que le musée de la ville a récupérées. D'autres objets ont été pris par l'un des employés de cette prison, dont les héritiers hésitent encore à les remettre à l'institution muséale. La maison de la culture sera inaugurée en octobre 1975 et portera le nom de l'illustre homme de lettres Mouloud Mammeri, une année après sa mort, soit en février 1990. Depuis la démolition de la prison départementale de Tizi Ouzou, rien n'indiquait que la salle de spectacle avait pris la place de ce lieu de torture et d'exécution, la guillotine ayant été utilisée pour appliquer les peines de mort prononcées contre les prisonniers. Il a fallu attendre une trentaine d'années environ après la démolition de la prison pour que les pouvoirs publics se décident à ériger «quelque chose» à la mémoire des suppliciés et des victimes des atrocités de l'armée coloniale, commises sous les ordres du sanguinaire capitaine Chauvin. La réplique de la guillotine a été érigée non loin de la salle de spectacle de la maison de la culture pour rendre hommage aux martyrs et se rappeler de la sauvagerie de la colonisation. Erigée avec une plaque en marbre sur laquelle on peut lire «De l'obscurité des cachots hideux a jailli la clarté de l'esprit après un combat héroïque (1954-1962) » pour chanter le passage de soumission à la libération du joug colonial. Oui, aujourd'hui, on y chante ! On y danse ! Au rythme des cris des suppliciés '


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