Algérie

La main tendue des pays arabes


Le sommet de l'UPM, qui a pris fin hier à Paris, s'est vite transformé en un forum géopolitique destiné à rabibocher les frères ennemis. Le président Sarkozy, visiblement soucieux de replacer la France dans les équations du Moyen-Orient, s'est découvert une âme de réconciliateur, voire d'homme de paix. « L'UPM, c'est la paix », a-t-il en effet déclaré d'emblée comme pour donner le tempo aux discussions. Son souhait ' Que dans la Méditerranée « on apprenne à s'aimer ». C'est un discours nouveau et Sarkozy met les pieds dans le plat en recevant ensemble le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, samedi au Palais de l'Elysée. Pour Sarkozy, le lancement de l'UPM constitue un événement « historique ». Et comme pour prendre date, son ami Olmert concède un petit espoir en déclarant qu'« Israéliens et Palestiniens n'avaient jamais été aussi proches d'un accord ». Bien que ce ne soient que des mots sans aucune prise sur les maux des Palestiniens, le Premier ministre de l'Etat hébreu a promis hier de libérer plusieurs prisonniers palestiniens dans les « prochains jours » sans préciser leur nombre. Mais pour la présidence française de l'Union européenne, c'est là la première initiative de paix au Proche-Orient.Aussi le président Sarkozy a-t-il frappé un grand coup diplomatique en parvenant à réconcilier Syriens et Libanais. En effet, en recevant samedi, soit la veille du sommet, à un déjeuner de travail, le président syrien, Bachar Al Assad, et son homologue libanais, Michel Sleimane, Sarkozy a pu arracher le principe d'un accord pour l'ouverture des relations diplomatiques entre les deux pays annoncés par les deux frères ennemis. C'est le prix que Sarkozy a fait payer au président syrien moyennant une sortie d'un isolement international qui étouffe son pays. Mais, cerise sur le gâteau, le patron de l'Elysée a promis de renvoyer l'ascenseur à Bachar Al Assad via une visite officielle à Damas en septembre prochain. En tout cas, le règlement des conflits régionaux entre membres de cette union pour la Méditerranée, à très forte valeur ajoutée diplomatique, aura déteint largement sur le sommet de Paris.Même dans son discours à l'ouverture du sommet, le président Nicolas Sarkozy a beaucoup insisté sur les concepts de « paix », d'« amour », de « douleur » et d'« injustice ». Des « eurosceptiques » déjà ! Et pour étayer sa plaidoirie pour l'UPM, Sarkozy a allégrement surfé sur l'histoire commune, la géographie, la culture et même la religion pour planter l'étendard des retrouvailles méditerranéennes. Concrètement, le président français a promis d'aller au-delà de Barcelone. « Si nous sommes réunis ici, c'est parce que nous ne voulons pas être uniquement des voisins, mais parce que nous voulons être des partenaires », a-t-il précisé. Sarkozy est convaincu qu'« ensemble, nous pouvons nouer autour de la Méditerranée une grande alliance entre l'Afrique, le Moyen- Orient et l'Europe, nous pouvons en faire la mer la plus propre du monde mais aussi le plus grand laboratoire de codéveloppement ». A travers ces mots ronflants, le président Sarkozy voudrait donner corps, ne serait-ce que, dans le discours, au concept de « copropriété » tant réclamé par les pays de la rive sud de la Méditerranée dans le partenariat euroméditerranéen. Et pour cause, l'orientation à sens unique du processus de Barcelone a été à l'origine de son échec cuisant.Il reste que les promesses discursives de Sarkozy sont tempérées par certains pays européens pas très chauds à l'idée d'arrimer leur destin à celui des pays de la rive sud de la Méditerranée. Le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt, a ironisé d'ailleurs samedi : « Le monde ne va pas être changé en un jour avec le lancement de l'UPM. » Cela résumait peut-être les craintes d'une partie des « eurosceptiques » quant à la grand-messe de Sarkozy. Mais à défaut de régler les principales questions posées, objets de grands litiges ' Proche-Orient répartition des postes'', les participants souhaitent au moins ouvrir sans délai, les chantiers de la dépollution de la Méditerranée, de l'énergie solaire, de la sécurité civile et du développement des « autoroutes de la mer ». Ce serait déjà mieux que Barcelone'
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