Algérie

La main tendue de Macron



Un autre appel à l'apaisement des mémoires. «Il y aura immanquablement des moments d'énervement, mais nous y arriverons.». Optimiste est Emmanuel Macron sur la «réconciliation des mémoires». Candidat à sa propre succession, le président français a soutenu qu'il continuait à «tendre la main». Il assume même ses gestes. «J'assume cette main tendue à l'Algérie», a déclaré, hier, le chef de l'Etat français au cours d'une cérémonie à l'Elysée pour commémorer le 60e anniversaire des accords d'Evian du 19 mars 1962.Cet apaisement est «un cheminement, très imparfait, mais qui est un parcours de reconnaissance qui consiste à mettre fin à des dénis et des silences», a déclaré Emmanuel Macron. Une «main» qu'il continuera de «tendre» même si, soutient-il, les initiatives prises depuis le début du quinquennat. Lors d'un entretien téléphonique, en janvier dernier, avec le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, le président français s'est dit «se tenir disponible pour travailler sur ce sujet avec son homologue algérien, en particulier en ce qui concerne les recherches sur les disparus et l'entretien des cimetières européens en Algérie». Pour prouver ses bonnes intentions, Emmanuel Macron a rappelé, hier,ses engagements depuis le début de son mandat en 2017. Comme la reconnaissance de l'implication de l'armée française dans la mort de l'avocat Ali Boumendjel, ainsi que celle de Maurice Audin.
L'érection d'une stèle à la mémoire de l'Emir Abdelkader, ou encore la restitution des crânes de résistants algériens du XIXe siècle à l'Algérie. Des initiatives pour «apaiser» la mémoire. «Ce parcours de reconnaissance que nous allons poursuivre, car il est maintenant inarrêtable, est simplement la condition pour nous tous de ne rien oublier, de ne rien nier du caractère irréductible des souffrances, des douleurs de ce qui a été vécu, mais d'assumer qu'elles sont toutes françaises, parce que la guerre d'Algérie, ses non-dits, étaient devenus la matrice des ressentiments» a-t-il clamé.
Pourtant, dans son discours, aucune annonce nouvelle. En continuant à «tendre la main» Emmanuel Macron lance un message clair aux ennemis de l'Algérie, et à ses propres adversaires à la prochaine présidentielle. D'autant que le Président Tebboune a souligné, dans son discours à l'occasion de la «Journée de la Victoire», que le dossier mémoriel devait «inévitablement être traité d'une manière responsable et équitable dans un climat de franchise et de confiance».
«Beaucoup me diront: vous faites tout cela, mais vous n'êtes pas sérieux parce que l'Algérie ne bouge pas (...) Tous mes prédécesseurs ont été confrontés à la même chose», a déclaré Emmanuel Macron avant d'affirmer que « je pense que le jour viendra où l'Algérie fera ce chemin» qui assure, devant les critiques, ne pas être «faible». À cet égard, la réponse d'Alger a été anticipée. «Les hideux crimes de la colonisation ne seront pas oubliés et ne sauraient être frappés de prescription» a souligné, vendredi, le Président Tebboune. Mais on serait tenté de croire que le message est adressé directement à la droite française qui estime que «le 19 mars est une blessure pour les Français d'Algérie». Jouant sur les deux tableaux, campagne électorale oblige, Emmanuel Macron a qualifié les accords d'Evian de «victoire pour certains» et de «défaite pour d'autres», qui n'a été «ni le début de la paix, ni la fin de la guerre» mais «elle fut un jalon qui ne peut être reniée».


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)